PRÉSENTER, REPRÉSENTER. EXPOSER, S'EXPOSER.
C'est ce qui se fabrique de nous, en dehors de nous, qu'on tient à distance comme ces masques vénitiens portés à bout de bras. Abandon d'un peu de soi, qui n'est pas soi, où l'on s'autorise à respirer.
C'est cet objet étrange, étranger, qui manifeste le passage du temps. Un chemin d'un espace donné, puis repris, puis reconstruit, puis désavoué, c'est à dire offert, au partage et à l’œil de l'autre, à la critique de l'autre.
Qui n'affectera pas l'être, mais lui donnera, peut-être, une couleur imprévisible qui n'était pas dans son projet. Qui n'était pas dans ce jet de substances et de mots laissés au hasard de la rencontre, aux sarcasmes, ou à l'amour. C'est selon.
S'exposer, sans l'attendue beauté, sans l'artifice, mais avec toutes les failles et le vide entre les mots, les couleurs, les traces.
Est-ce que la trace est le pied, la main, le moment ? Non. Bien évidemment, elle n'est que l'apparence d'un voyage antérieur, (lequel n'est qu'un prétexte) dont le souvenir s'efface peu à peu, dont ne restent que le squelette, la matrice décousue, l'affichage délavé. Rien n'étant à l'abri du danger, mais tout exposé aux orages et aux outrages.
C'est cela, donc, qui s'expose, et non moi. Voler un brandon ne tue pas l'absolu du feu. Jeter en plein jour une exposition de soi ne diminue pas la forme et la matière de ce que je suis.
Ce moment de re-présentation est juste une deuxième chance sortie de nulle part que le jour autorise parfois.
Ni plus, ni moins.