car c'est à l'eau qu'il fallut, comme toujours, revenir - à l'appel du fleuve - à la sinuosité tranquille du sable, de la terre et des joncs
laisser passer - laisser venir l'eau qui décide où faire le lit, où coucher - ou ne plus revenir
il y eut cette eau du père - qui pouvait être le chemin - celui où l'on ne rencontre pas - où l'on dérobe ses regards - pour être ce tracé qui lâche, abandonne - et qui a tout connu
courant d'une ère achevée qui tourne le dos à la mer - au retour et aux sources, de même - pour être le passage, le passeur, et le passant
mais du passé rien ne s'en dit - car - tout ensemble est nourri de boucles paresseuses et de cascades vives
le courant au bord duquel - le courant par lequel, tu peux partir maintenant - on n'avait besoin que de la source - que d'un apprentissage de pêche et d'odeurs au centre des tourments d'été
on n'avait plus besoin de toi
la rive, je la nommais certitude et courage - elle a porté ma maison, mes soucis, mes désirs quelquefois
la rive est deux - est moi, - et l'autre moi m'attend vers l'autre bord
la rive, le bord, les galets froids où s'évapore l'odeur de la rivière - le fraîchin, comme l'appelait ma mère
elle appelait - moi j'attendais le silence - et le fleuve - qui, chaque minute, creuse son lit et reconstruit ses berges
le fleuve m'a encordé vers l'autre où l'on se perd - pour le retour - pour le vivant - pour tous les jours d'après moi
à l'homme - source - moi - j'oppose le courant