Dans les montagnes de Kpalimé, les grands Kapokiers sont des pirogues verticales aspirées vers les confins
on y respire la luxuriance d'une Afrique verte et douce démentie par le vol des lents oiseaux noirs en quête de souffrance
les herbes chantent, les criquets se parent de bannières chatoyantes, les feuilles brillantes des "oreilles d'éléphant" se posent au dessus de nos têtes en larges parapluies et le vin de palme coule d'une source abattue en pleine espérance
dans la maison de terre, un peintre saoul laisse avec dédain son caissier percevoir le prix de ses œuvres, comme si la négociation n'avait été qu'un jeu de dupes entre deux ivresses
le soir, on écoute les nuages s'effondrer sur les tôles, c'est l'occupation simple d'un temps étiré où la fraicheur se gagne
je suis déjà venue à Kpalimé, mais la ville de mes souvenirs ne recouvre pas les marques du présent
je m'endors sans savoir où est la vraie Kpalimé : jaune et alourdie de pluie ? bleue pâle sur les murs livides de ses chambres minuscules ? rouge et battante dans le martelage d'un lointain djembé qui tremble d'une fête inachevée ?