au temps des migrants, des malgré eux, des morts d'avant et de toujours, quelques mots, quelques traits pour contrer les absences
Parce qu'il y a quelque part ce gouffre à l'embouchure masquée où coulaient les générations.
Ce puits des morts où sont embusqués les secrets, les atomes, les successions qui l'ont faite et pétrie puis séchée comme calcaire au bord de l'étendue.
Parce qu'elle entend chaque soir le claquement de dents qui soulèvent les pierres tandis qu'elle les retient.
À ce moment, c'est une douleur d'aiguille annonçant des urgences qui n'en sont plus depuis longtemps :
Course en silence dans la blancheur d'un hôpital, froideur d'enfant mort-né, mère calcifiée dans sa folie, succession vraisemblable des élans, des retours, des perforations, des arrachements, et du sang et du sang.
Les morts, plus morts que la transparente douleur dans leur dédale de chagrins dont on a balayé l'agonie.
Leurs vies en étoile qui fracturaient les os.
La mitraille et l'odeur des charniers.
L'eau bleue des anonymes.
Et la vie qui se relève en titubant.
Exposition tout le mois de mars à la Brasserie Tri Martolod ( Concarneau) sous couvert de l'association l'Arrêt Création.