Voici le terme d'un processus par lequel une nation entière et souveraine décide de ses orientations politiques pour les années à venir. A travers ce choix elle manifeste son attachements à des valeurs, des idéaux et précise ses désirs et ses espérances pour l'avenir.
Le jeu démocratique exige que de véritables alternances voient le jour et que des minorités puissent parfois devenir majoritaires pour mettre en oeuvre leurs projets de société. Il est permis de les combattre si ces projets sont en désaccord avec les valeurs fondamentales de la démocratie. Encore faut-il ne pas tomber dans l'intox et la désinformation.
Que n'entend -on pas en ce moment sur l'extrémisme supposé du vote de France Insoumise, lequel n'est évidemment ni extrémiste, ni violent, ni dictatorial, mais porté par une espérance et une dynamique qui ne sont pas moins légitimes que celles qui ont porté les formations au pouvoir depuis 30 ans. Dont les résultats sont médiocres et parfois catastrophiques pour des pans entiers de notre société! S'en préoccupe- t-on ? ou pas ? Pourquoi le vote FN n'est-il pas analysé par les frileux comme le résultat des échecs et erreurs des pouvoirs antérieurs. Pourquoi ne pas tenter le vote de l'espoir, contre le vote de la haine, pour des millions de laissés pour compte? Qu'y aurait-il à y perdre ?
Le désir d'une alternance est peut être une aventure. Mais il n'est pas détestable d'espérer cette aventure, cette découverte d'un autrement possible, comme on explore un ailleurs insoupçonné ? personne en vérité ne croit aux lendemains qui se mettraient à chanter d'un magique claquement de doigts. Du travail, de la conscience et de la volonté seront nécessaires. Nous n'en manquerons pas. Et nous saurons dire à nos responsables qu'ils se trompent si c'est le cas. Une nouvelle constitution pour la 6ème République devrait nous le permettre.
Inventer. Rêver. Créer. C'est ce que nous voulons, face au lot d'alternatives mensongères, de raisons déraisonnables ou de prétendues nouveautés que nous propose chaque élection. Ce monde reste désespérément soumis aux appétits monstrueux, aux élans guerriers, aux profits illimités des trop gavés. Qui ne désirerait essayer autrement, autre chose, face à la destruction de valeurs qui devaient articuler notre pensée, face à l'ignorance dans laquelle on maintient les plus faibles, face à l'asservissement aux intérêt financiers, face à la peur entretenue chez nos contemporains ?
En 2005 des millions de français avaient répondu qu'ils ne voulaient pas de cette Europe là (et non pas de l'Europe comme concept). A-t-on pris en compte cette volonté majoritaire du droit à réfléchir, de l'urgence d'attendre face à la loi des marchés? On a balayé leurs inquiétudes, leur refus d'asservissement. On a fait fi de leur liberté de dire non.
Comme en 2005, et par la suite, lors du déni de démocratie que fut le traité de Lisbonne, on recourt au mépris et à l'argumentation puérile pour tuer cet élan. Mais non, les français ne sont pas des imbéciles, les banques ne sont (hélas) pas en position de faiblesse, les chars de Poutine ne sont pas aux portes de Paris !
Ce que manifestent ceux qui s'apprêtent à voter pour Jean Luc Mélenchon, ce n'est pas la soumission à un homme, si brillant fût-il, c'est un nouveau permis de rêver.
Tous les artistes, si nécessaires à un monde humain, vous le diront. Rêver le monde permet de transformer le réel, créer l'oeuvre au coeur de son désir permet de l'accomplir, penser l'impossible, voilà l'enfance de l'Art.
Au regard de notre brève histoire humaine, nous sommes des enfants qui explorons à tâtons l'infini des possibles. Donnons nous une chance de voir un nouveau jour plus juste, plus libre, plus fraternel.
Essayons !