Accident : l'accident vient du dehors. Il nous concerne à peine: qui pouvait l'empêcher ? Ce qui arrive n'est pas de moi. On me l'a jeté à la tête. Mais. Lorsque c'est le corps qui, lui même, crée sa défaillance, son infortune, on ne cesse de remâcher cet arrêt du destin où l'on s'est fourvoyé. Seul. Je pouvais l'éviter. Pourtant je n'ai rien vu venir... Ou bien c'est ce même corps qui s'est mis en grève de ma conscience? va savoir !
Chance : il n'y a rien au dessus, autour et en dessous. Il y a la vie. Ou pas. Alors, la chance? Vous pensez bien ...
Compassion : on croit , longtemps, être en mesure de compassion à la souffrance de l'autre. Ne serait-ce pas mensonge ? Compassion de quelques secondes, et la vie continue, hors du monde gris. C'est tant mieux, tout de même.. Il faut se décider, du jour ? de la nuit ? Le crépuscule ne dure qu'un temps, vous savez bien.
Douleur : elle protège de tout ce qui n'est pas essentiel, protège de tout le reste : peur, ressentiment, colère ? On ne le sait pas alors. On ne croit à rien d 'autre qu'à la minute blanche qui piquerait moins les yeux. Mais il n'y a pas d'autre chemin. On fait comme si. Puis on laisse le chemin avancer tout seul. Sans nous... Pour le moment.
Fatigue : c'est une immense paresse qui étreint. Une léthargie boueuse du cerveau. Y-a-t-il encore un cerveau ? Aucun effort n'est petit. Débattez vous avec ça. Ou laissez couler !
Immobilité : l'immobilité ne donne rien. Ne produit rien. Elle ne fait que recevoir et dire merci. Mais de bout en bout, ce remplissage me met en fuite d'existence. Je ne suis pas ce vide échoué. Retrouvez moi! Compacte et inviolable
Parenthèse : la parenthèse s'imagine à tort qu'elle vient juste pour apporter ce bouquet de secrets, ce doigt de précision, cette nuance plus claire. Mais quand la parenthèse ne se referme pas ? Il n'y a plus de phrase, de sens, de direction. Tout à inventer. On s'en lasse, quand même ...
Peur : un espace d'avant. Quand on est dedans, à quoi bon ?
Vide : chérir ce vide. Cette absence de moi à moi où s'abime la volonté de faire. Ou bien : se révolter ? Sans actions que sommes-nous, sinon des mots creux, des pensées insomniaques, des vies en sursis ? Si la cicatrice du temps s'inscrit sur la peau malmenée, c'est déjà ça. Un acte de chair qui rend l'obscurité moins vaine.
Vie : La vie n'a pas d'avenir. La fin de vie c'est juste après, un peu plus tôt, un peu plus tard. Qu'importe. Écris ce moment, déjà passé d'une poignée de secondes. Il s'échappe, et ne laisse que le corps, qui défie l’équilibre du temps. Et puis quoi ? Un souffle, qui peine, et qui revient. Obstinément. .