Ce fut déjà le titre d'une expo réalisée en 2016... Assembler. Assemblages.
Coller et réunir. Loin de l'idée de l'hétérogénéité, travailler à l'unité. Un jour, qui sait, à l'absolu de l'unité, retrouvée en un seul temps, en un seul lieu. Totalité de l'art de la vie, de la production juste avant le big bang. Un petit big bang comme un pétard mouillé, dont on a été le passeur. Quand même. Un seul moment où ça va coller, celui peut être du dernier souffle, ou de la dernière œuvre (on appelle ça une œuvre, mais oui, sans honte, ce qu'on fabrique, n'est ce pas ...).
Construire d'abord par accumulation, collage, superposition, découpage et recollage de tout ce qui fait le passage du temps : abolir les moments séparés, assembler ce qui s'est opposé, rassembler les affrontements techniques, refaire inlassablement avec ce gout de recuit, de passé proche et lointain, déconstruit et compressé en un présent qui s'effrite aussitôt, qui ne dure pas, qui cherche sa respiration, sa justification à exister, à recréer. A créer. Quoi ? sinon l'acte créateur lui même ? Et lui, là, il ne se remet pas, il se décompose méchamment, et se retrouve, parfois, avec la volonté malfaisante de chercher sans se lasser une aptitude à réunir les plus éloignés de soi, de tout, de rien.
Ah! ce n'est pas un grand dessein (dessin?), ou l’œuvre monumentale de la vie qui se hausse au dessus d'elle-même. Non! Nécessité intime, reptation, fondamentale qui aspire et bave ce qui passe à sa portée : faire avec ça et ça, et puis jeter, rejeter, détruire et recommencer. Faire comme on dit aujourd'hui, du recyclage. Vie composée de tous les cycles, qui croît, alors, en spirale, en détours collés les uns aux autres, les uns sur les autres. Pour ne faire que l'apparence d'un cercle qui se mord la queue et mange à tous les râteliers. Fait feu de tout bois, même s'il n'y a plus de bois. C'est la soupe à la grimace des désirs, des actions, des restes et des repousses.
Et puis, je déchire ce que j'ai assemblé, et puis je recolle ce que j'ai déchiré et tout est en moi, à moi, comme si ce n'était que cela : l'habit d'arlequin, pour le rire et la fureur, un habit d'empereur fou qui règne sur un seul sujet : lui-même. Mais cela, est ce bien sûr ?