Le désir d'Art explore tout d'abord la découverte, l'expérience, le cheminement. Il n'a pas pas la rigueur mathématique de la recherche en sciences dures. mais il soumet la création à un chemin, à des chemins, puis un réseau, puis une étendue ou une construction charpentée. A chaque moment on peut jouer, de la couleur ou du geste, de la matière ou de la tonalité. Et chaque fois qu'on choisit, on élimine ce qui aurait pu être, mais on n'efface pas ce qui a été.
On s'aventure en suivant une idée qui, pourtant, ne va parfois nulle part. C'est ce "nulle part", pour certains, pour moi, qui fascine.
Ainsi va la Création : Il faut pouvoir imaginer tous les possibles en partant d'un seul objet, ou d'un seul mot. Ce que font les artistes qui travaillent beaucoup en explorant sans relâche chaque variation du thème. Ce qu'on appelle la griffe, souvent reconnaissable, ou les "périodes" stylistiques. Littérature, cinéma, arts plastiques ou musique, nous amènent dans cet approfondissement des grands artistes qui font une œuvre.
D'autres ne poursuivent pas, cherchent toujours un nouveau point de départ, expérimentent la diversité sans exploiter le réseau infini des variantes. Nouveau matériau, technique, thème, rien ne semble suivre un vrai dessein. Une sorte de "survol", négligent peut être ? ou paresseux ?
Moi je dis expérimenter, je dis "avis de recherche" comme on dirait "à vie", qui prend toujours des détours inattendus. Sans doute par incapacité d'aboutir, ou de répéter, mais non sans travail et sans fantaisie. Parce que c'est précisément aussi un choix de vie, des vies qu'on tente les unes après les autres sans que jamais aucune ne veuille ressembler à la précédente. Cette constante insouciante de la pérennité devient pourtant au bout du compte comme une habitude, voire une addiction. Et peut être, à son corps défendant, un sorte de style désordonné et sans limites. "... Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" disait déjà Charles Baudelaire
Les uns creusent, les autres effleurent et piquent le miel de fleurs en fleurs. Il y a l'Art d'aller au fond, et l'Art de butiner. On ne le fait pas exprès. C'est ce qu'on est, c'est ce qu'on aime. Essayer toujours, et ne vouloir refaire.