J'avais publié le 8 mai 2011, à l'occasion d'une célébration "parallèle" de cette date symbolique par le Mouvement de la Paix, un "slam pour la paix" que beaucoup de gens ont aimé sur ce blog. Comme on n'a plus grand chose à espérer, en particulier avec l'accroissement sans précédent des dépenses militaires dans le monde, le développement ultime de l'arsenal atomique, sans compter le volume des ventes d'armes par notre pays, je m'autorise à une publication de cette version réactualisée, sans illusion, mais juste parce que de nombreux problèmes économiques, écologiques et autres seraient résolus si les dépenses militaires étaient affectées à des priorités vraiment nécessaires pour le bien de l'humanité. Qu'attendons nous ?
Paix aux miens, paix aux vôtres
et paix à tous les autres
Paix aux morts des tombeaux, au marbre et aux statues
À la fleur au fusil sur le front des vaincus
Aux gars des der des der qui lançaient leurs chansons
En vain, la peur au ventre, dans le bleu horizon
Paix aux pays conquis dans le fracas des armes
Quand la loi du plus fort vient soumettre les âmes
Enchaîné comme un nègre, mort comme un bon indien
Soumis comme la femme, rouge comme le vin
Paix aux villes martyres qu'on a abandonnées
à la coulée des pleurs, aux ruines du passé
quand la mort épousait la brûlure de l'atome,
aux déluges de fer qui transpercent les hommes
Paix aux folles d’Argentine, aux mères du Chili
Qui réclamaient justice pour leurs enfants meurtris
Torturés, démembrés, qu’on a lancés là bas
Dans la blancheur du grand désert d’Atacama
Paix à l’enfant soldat chassant dans les rizières
Un autre enfant traqué de son pays en guerre
On l’a shooté à mort, croyant qu’il oubliera
Le regard terrifié de son frère qu’il abat
Paix à la fille sans nom qui pleurait en douceur
Au bord d’un marigot pour conjurer sa peur
Sur son corps dénudé, jeté le sac d’école,
Les soldats ont gravé l’humiliation du viol
Paix aux peuples innocents qu’on veut éradiquer.
Cachés sous le mépris de la conscience morte
Ils meurent en silence derrière des barbelés
N’espérant plus jamais l’ouverture d’une porte
Paix à la mère perdue cherchant sur un chemin
De terre et de sang noirs un signe du destin
La fin d’un cauchemar, réveil, qui remplira
Cet arrondi du vide où l’enfant ne dort pas
Paix à la Palestine, à l’enfant de Gaza
Au déluge de fer qui répondait aux pierres
Aux arbres calcinés, à la terre sacrifiée,
À l’agonie des hommes que l’on n’écoute pas
Paix aux morts innocents, au jour des attentats
Paris-Charlie, Mali, Nigeria, Sri Lanka
à la colère des dieux, à la folie des hommes
qui massacrent en priant ou déferlent en pogrom
Paix à la terre meurtrie, aux forêts qu'on abat
au paysan qui tombe en implorant la pluie
à la mort programmée des pôles à l'agonie
aux enfants affamés que le temps n'attend pas
Paix à tous ceux qui vendent, qui trafiquent et fabriquent
Des armes en tout genre pour une poignée de fric
Je rêve que leurs mains s’ouvrent sur des colombes
Où le labeur des hommes dessine un autre monde
Paix aux incarcérés, jugés, exécutés
Pour avoir résisté au vent des oriflammes
À ceux qui disaient non aux bombes et au napalm
À ceux qui disent oui à la fraternité
Paix aux miens, paix aux vôtres
Et paix à tous les autres