Question sèche. A-t-on encore le droit à des voyages lointains dans ce monde qui se défait devant nos yeux, et brûle et s'asphyxie de nos excès.
Politiquement je serais tentée de dire que ceux qui font des efforts constants depuis toujours, et s'écartent parfois de la pensée règlementaire, sont pas les plus grands pollueurs de la planètes, ni les vrais responsables de sa déshérence. Mais ... On ressent ce fond aigu de mauvaise conscience à lancer des images volées à l'autre bout du monde, à user exagérément de la toile, à embarquer connectée dans des périples sans raisons.
Pourtant il faut vivre en s'émerveillant, et parfois réaliser ses rêves. Il faut connaitre le monde et témoigner de celui qui vit ailleurs, autrement. Le jeu innocent de la découverte est ancrée dans notre ADN de voyageurs traversant les continents pour donner corps à notre "sapience".
On ne sait plus trop, on flotte dans un espace-temps incontrôlable qui échappe à la souplesse de l'avenir.
J'ai parcouru cette année trois rêves de ma vie. J'ai du mal à m'en culpabiliser ? J'ai aimé partager sans regrets la beauté et la diversité. Essayant de voyager sans trop faire de dégâts, d'emprunter les transports locaux (trains, bus , ferry), de marcher chaque fois que possible, notamment dans les villes ... et craquant néanmoins pour une grande traversée où l'avion m'a emportée. On ne sait plus s'il n'est pas trop tard, si l'on n'est pas trop perso, trop égoïste, et l'on s'accroche, quoiqu'il en soit, à la beauté rencontrée, à "l'usage du monde", comme disait Nicolas Bouvier...
La minéralité hiératique des Andes, le parcours sur le fleuve Amazone, les lumières du grand Nord. Voici mes richesses de l'année qui se ferme. Avec le désir de retrouver encore des espaces mythiques de notre Terre.
Et la peur que personne ne puisse plus les retrouver, jamais ... C'est encore loin, la fin du voyage ?