Avec la complicité de Aude, graphiste et éditrice "le chien du vent", un nouveau carnet voit le jour ...
Lorsqu'on écrit sur le voyage, extraordinaire aventure ou simple traversée d'un nouveau quotidien, on fait des phrases avec ses pieds. On suit des routes, ou des rails. On emmène avec soi d'autres lignes évadées d'autres livres, d'autres phrases martelées par d'autres pieds qui marchèrent, écrivirent, suivirent d'autres chemins que les siens.
J'ai emprunté ici quelques lignes amies : Rimbaud, Kerouac, Michaux, et beaucoup de rails luisants. Lignes. Le même mot, et pour moi, le même Usage du monde, comme disait Nicolas Bouvier, que chacun raconte à son image.
Mais le temps du voyage n'est pas le temps de l'écrit. D'abord l'action : on marche, on laisse filer la pensée, on regarde, on éprouve. Viennent ensuite les notes d'un court décalage temporel : carnet, soir, lecture, nuit, souvenirs, lendemain. Enfin, revenu chez soi, le texte lève, après des semaines, après des mois, tentant de se charger des trois moments : l'instant, l'écriture, le vagabondage littéraire. Ainsi met-il en correspondance images, réminiscences, moments d'évasion déjà vécus ailleurs, déjà couchés sur d'autres pages, qui donnent corps aux sentiments, aux impressions. À toutes les lignes qui se sont tracées dehors / dedans, jusqu'au récit final.
Cailloux, poèmes, lectures, photographies. Le voyage est écrit dans sa multiple nécessité.