Fleuves, rivières, sources, rias, ruisseaux, on ne se lasse pas de les suivre, d'en découvrir un sens qui soit à sa portée, qui n'écrase pas, ne défie pas, convient à l'âge et aux pensées secrètes, non sans surprises, non sans tourbillons, mais constamment accessible. Ah! la constance des fleuves : ils nous mènent toujours en des lieux d'humaine résidence et de rencontres. Ils tracent et modèlent depuis des millénaires. Je les aime, et retrouve avec le même bonheur leur parfum de roseaux et leurs cailloux dorés.
Voici le Doubs, noir de galets polis et de mousses ardentes, en fil, en nappes, ou lac brisé sur de mourants écueils
Douce gorge de pierre, qui culbute en silence les mots inconnus de l'origine. La langue coule et s'infiltre en brumes éclatées.
Il pleut, il gèle, parfois, il fume de vapeurs salées sur la rigole sèche du temps sauvage.
D'où viennent sa course anguleuse et ses détours pensifs ?
On ne sait rien du trou de roche oublié des regards. On ne sait rien des fleuves, des origines, des méandres.
On voit se perdre les eaux. On voit naître la chute. Ou bien mourir ce cœur usé qui n'a plus peur du vide.