ils sont là, ils dansent
le rythme et la voix du griot emportent la tiédeur
tout bouge
mes pieds à moi : immobiles
mon corps : figé
ce qui bouge est en-dedans
montée de voix aériennes, couches empesées de silences qui craquent et s’élèvent feuilles à feuilles, et tourbillonnent au-dessus des scènes de lumière, des sons amplifiés, des gestes et de la joie
là-bas, mes villages n’étaient que flutes acides, tambours minuscules, maigres chants de savane oubliée
la musique était pour la liberté, la danse pour un bol de maïs, si petites malgré tout
la poussière rouge tombe sur la paupière, et lève un champ de bleu
mon corps ne bouge pas.
Parce qu’il n’est pas là
gavé de latérite et de bissap, il a roulé dans le fossé des ombres disparues