la nuit est un long bruit blanc qui enrobe les cartes et les mots des voyageurs
le dos s'étire entre deux jours qui empoignent le temps d'un côté à l'autre de l'écran indifférent
devant derrière au-dessus tout est pareil et rien n'est vrai
les chiffres ne disent rien d'imaginable à mille kilomètres par heure par moins soixante degrés
sous les pieds la constante vibration simule la confiance du vide, onze mille mètres au dessus du sol
ma tête n'a pas changé de date elle est encore crépusculaire tandis que le corps a déjà, lui, tourné la page du nouveau jour
il s'oblige à dévoiler son sens vers le hublot, vers l'aube crasseuse qui étouffe le hérissé des immeubles et le piquant du béton resserré autour du grand fleuve, quand viendra la longue descente dans l'épaisseur, dans l'inconnu