Comme empierrés au cœur d’invincibles forteresses, nous voici donc bardés de certitudes, assaillis d’ogres guerriers, mâchés de dents serrées à la surface des ombres. Nous croyons, nous savons, nous affirmons. Ainsi nous oublions que l’art de l’absolue vérité n’est pas un Absolu, n’est pas une Vérité.

Encore moins un Art.

C’est qu’il nous faut vaciller, tâtonner dans les différences, explorer le tremblement qui se fout pas mal de nos assurances, et réinventer à chaque seconde ce qui n’existe pas encore. Ce qui enchante le tout, et le contraire de tout.

Parce qu’on utilise l’humble matière, les mots quotidiens, la pierre au bord du chemin, la couleur du ciel sans voix. Et que du mélange se crée l’incertitude, pas aimable, à peine jolie, jamais flatteuse. Tout juste nécessaire à celui (celle) dont une main gauche sort d’un cerveau brouillé pour froisser la page sitôt le mot écrit, sitôt le travail espéré, une fois ou mille fois, comme vous voulez, et laisse sans vergogne la chose qui lui reste tout au bord de la route - à vot’ bon cœur messieurs dames - pour explorer d’autres possibles, d'autres musiques inachevées qu’on appellera, si vous le voulez bien, « reflets d’un monde incertain »

Rien n’est certain tant que tout est possible.

Rien n’est définitif tant que le monde poursuit  son mouvement.

Malgré tout, malgré nous.