avant d'écrire "Lettres d'ani sara", (comme expliqué dans un des articles de journal) j'avais noté dès le premier voyage, des mots, des sensations revenus par la suite qui m'ont permis de rester en contact avec les impressions du premier "choc" de la découverte, à Lomé un matin d'août 2001, d'un monde qui m'a ouvert les yeux sur un autre moi (comme je le disais en page précédente : avec ou sans lointain voyage, pour se perdre, il faut être allé quelque part )
ceux qui sont partis un jour pour ces pays de terre s'y retrouveront-ils ?
Je n’abandonne rien, je ne renie rien, puisque ce qui a été, fut le caillou du sentier, la source désaltérante, le bâton et le sol qui me portaient, l’étoile en amer, le guide et le cheval de mon courage
La boucle n’est pas close sur elle-même, elle devient le premier cercle d’une spirale montante qui m’amène à une mort joyeuse, puisque le deuxième versant de ma vie ne m’entraînera pas vers l’abîme, mais me fera monter vers une autre lumière.
Cette lumière je l’ai cherchée ici, dans la tendresse ou la passion, dans le sourire de mes enfants, dans le plaisir abandonné, dans la parole, dans le regard, dans la tête étroite qui se cogne
Ce matin d’Afrique grand ouvert, je me suis assise, et il faisait jour, pour la première fois, c’était le matin de la vie nouvelle, et je ne le savais pas vraiment, car je ne savais pas encore qu’un autre regard m’attendait, qu’un autre temps était possible, je ne savais pas que chaque jour pouvait s’allonger comme une vie entière, pur et détaché de ce qui ne nous est pas nécessaire, sans faim, sans peur, sans avenir
Juste un jour de plus, chaque fois premier et dernier, juste un mot caché , une source secrète qui fait chanter le monde visible à la surface des puissances invisibles
Un jour de plus
Un jour d’éternité"
retour 2001
à l'enfant kabyé de Pagouda qui m'a prêté ce moment éternisé