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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 11:23
ce texte clôt en quelque sorte le livre et lui permet, peut être, de rebondir vers un autre espoir, celui que pourraient construire demain ces millions de jeunes africains qui se sentent pourtant exclus de leur propre avenir, s'ils ont la lucidité et la force de regarder bien en face ce monde qui les ignore, au mieux, et au pire, les rejette.

Et qu'ils se sentent capables d'inventer à leur tour un développment original qui mette en valeur ce qu'ils savent, sans avoir à nous rendre le compte que nos insuffisances arrogantes exigent de ceux qui n'ont plus rien !

cette lettre a été écrite telle quelle, je n'y ai rien changé, et j'ai demandé à son auteur (un jeune homme de 20 ans que j'ai connu à 13 ans) s'il m'autorisait à la publier, non pour que nous nous flattions réciproquement de la qualité de notre relation, mais à cause de ce qu'elle induit de "réalité" dans mes divagations, dont certains pensent peut être qu'elles me sont si personnelles, que rien ne peut valider l'expérience qu'elles racontent.

A ce titre, cette lettre choisie parmi d'autres que m'ont écrites un certain nombre de jeunes amis togolais (Franck, Stéphane, Aziz, Radjoul ou Abdul ...), est exemplaire d'un état d'esprit, d'une vie "ailleurs" qu'ils  peuvent raconter, avec leurs mots d'une infinie vérité à laquelle je ne peux prétendre.


Morceaux choisis

... je veux écrire quelque chose qui part du rêve à l’imaginaire et de l’imaginaire à la réalité mais mes mots, mes paroles, resteront suspendus dans mon pauvre cœur joyeux et silencieux, mes pensées resteront debout dans mon âme, dans ton âme, comme un sentiment dans sa guérite.

Cette chose que je veux écrire me vient d’un rêve éveillé, le jour et la nuit, d’un sommeil ivre dans lequel toute la planète Terre devient un village, le noir devient blanc et le vieux un jeune homme. Cette chose que j’écris me fait pleurer et crier de joie car je n’ai jamais eu pareille occasion de sortir mes griffes et de rougir intérieurement face à ce monde méchant qui ne reconnaît plus le sens du bien et du mal.

Cette chose que je veux écrire me vient d’un souvenir enfantin, d’un moment où le monde était si petit et très accueillant, d’un moment qui remplissait ses promesses. Pendant ce temps on voyait toujours la vérité de face, ce qui est clair restait clair et tous les rêves étaient permis.

Cette chose que j’écris n’a pas de dos ni de face, ce sont les mots d’un pigeon noir sur une terre noire.

Aujourd’hui nous sommes dans un monde que nous ne connaissons plus, un monde dans lequel les rêves sont perdus. Le petit plant qui espérait avoir un jour les fleurs en rose se retrouve avec des feuilles fanées de néré. Le petit ministre devient forgeron et l’avocat, un chauffeur de taxi brousse. Le petit oiseau qui espérait voler jusqu’au plus profond du ciel se retrouve au sommet d’un arbuste.

Hier dans ma détente du passé, je me suis souvenu de ton premier pas dans la forêt noire où il y avait d’énormes grands arbres. Parmi les arbres de taille, vous avez trouvé un petit plant maigre et malade, vous avez pris soin de lui, vous lui avez donné les subsistances nécessaires pour sa croissance normale. Aujourd’hui ce jeune plant est devenu grand et responsable avec de jolies fleurs, mais il a des problèmes pour la production de ses fruits.

Ce que j’écris est vrai, ce que je rêve est difficile et ce que j’imagine est à la fois réel et irréel !

Peut-être que ce que j’écris raconte des choses sérieuses. Souvent quand je vis mes pensées, je me dis que tout comme le temps, l’homme est changeant, et ceci, mon enfance et ma présente personne le confirment..../

J’ai pris mes racines d’une famille polygame, populaire et moins riche. J’ai peu profité de l’affection maternelle, je ne sais pas exactement l’âge auquel ma maman m’a quitté pour l’aventure au Ghana à cause des mésententes de l’immense et misérable famille;

Tout ce que je sais c’est que j’étais encore à mon plus bas âge. Également je n’ai pas beaucoup bénéficié de la tendresse paternelle. Mon enfance je l’ai plus vécue dans une atmosphère de famille illimitée engendrant des ascendances difficiles à reconnaître.
À ce moment tout m’était un peu bizarre..../

agrave; l’âge de 6 ou 7 ans, en allant vers un moment X, j’ai eu une vie de toutes les couleurs, le blanc, le noir et même le rouge.
Alors que je faisais mes premiers pas à l’école primaire, je devais chaque soir je pense, entre 17 heures et jusqu’à 22 heures, me traîner à la gare routière pour avoir ce qui sera mon petit déjeuner ou mon dîner, ou encore avoir de quoi régler mes légers besoins.
Ce genre de vie est déconseillé aux enfants de mon âge, mais que faire !

Malgré tout cela, tout était bien à mes yeux car ma vision se limitait à mon pauvre pays qui représentait toute une planète..../

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commentaires

W
je suis très ravi d'avoir de tes nouvelles , j'encourage et je soutiens tout le talent que tu as laissé dans le blog de ton livre.tu as vraiment montré que voyage peut nous faire grandir et aussi comprendre d'autres civilisations. j'ai beaucoup aimé voir ma lettre faire partie de tout ce grand travail que tu as fait.<br /> recois mes felicitations les plus sinceres.
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  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
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