4 novembre 2008
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un lecteur m'écrit : contribution à notre réflexion à tous ...merci Serge ...
"J’ai trouvé ton livre original et honnête : tu as le mérite de ne pas occulter les contrastes, de les accepter même comme une richesse. Contraste d’abord entre ton Afrique et celle qu’on connaît sans la connaître, pleine de soleil sans ombre, de savane, de lions et d’éléphants. Tu nous offres au contraire un espace intime, nocturne, resserré. On n’a pas de grands espaces, mais des villages, des familles, des humains.
Tu sais aussi dépasser les idées toutes faites.
Tu avais pourtant hérité de préjugés potentiels : d’abord ton côté chrétien, occulté, refusé, mais présent : une démarche de missionnaire, un désir d’amour, une recherche d’absolu. Mais un christianisme au sens propre, pas celui des ambitions, des frustrations, des hypocrites, mais exigeant, donc le plus souvent inexistant.
Tu pouvais aussi donner des leçons sur la base de ta véritable vision de gauche, généreuse et ouverte, pas du genre des fans de Télérama qui se gargarisent de leur prétendue utilité alors qu’ils ne sont utiles qu’à eux-mêmes et à leurs confortables certitudes.
Mais tu as su écarter le dogmatisme, qui tente souvent les chrétiens, les gens de gauche, d’autant plus les chrétiens de gauche : tu n’opposes pas de façon schématique l‘Afrique et le fric, la magie blanche et la misère noire; tu n’imposes pas de réponses que tu reconnais ne pas connaître, assez honnête et lucide pour reconnaître tes ambiguïtés, tes doutes et tes faiblesses ; tu ne sors pas de solution miracle d’un chapeau qui tiendrait du casque colonial : tu reconnais que la communion originelle dont tu rêves est très difficile, voire irréalisable. Il y a là du tragique, que tu acceptes. Les contradictions acceptées en soi-même et chez les autres, avec franchise et sans masochisme, c’est la matière première de la création artistique.
L’art dépasse parfois la vie, à moins que ce ne soit l’inverse. L’histoire et l’actualité t’ont rattrapée : Eyadema remplacé par Gnassingbé à la suite de tripatouillages et de violences dignes de la plus indigne des démocraties. Encore un reliquat pas très positif de l’héritage colonial. Encore un problème dont nous ne pouvons pas encore penser les solutions.
A révélation de contrastes vision contrastée : en te lisant j’ai eu l’impression d’une sorte d’accouchement, plein d’irrégularités, de violences et de douleur. Je l’ai senti d’abord dans l’émiettement de ta parole sous forme de lettres, la brièveté voire la brutalité des ruptures qui brisent parfois des phrases ou des paragraphes.
Tu n’as pas enfanté un petit africain, ni un nouveau film en noir et blanc signé Dieterle, mais un livre. Tu nous offres un miroir de plus dans ce monde d’écrans, de reflets et d’apparences, mais un miroir si bien orienté qu’on n’y voit pas que soi-même mais aussi un peu les autres."
"J’ai trouvé ton livre original et honnête : tu as le mérite de ne pas occulter les contrastes, de les accepter même comme une richesse. Contraste d’abord entre ton Afrique et celle qu’on connaît sans la connaître, pleine de soleil sans ombre, de savane, de lions et d’éléphants. Tu nous offres au contraire un espace intime, nocturne, resserré. On n’a pas de grands espaces, mais des villages, des familles, des humains.
Tu sais aussi dépasser les idées toutes faites.
Tu avais pourtant hérité de préjugés potentiels : d’abord ton côté chrétien, occulté, refusé, mais présent : une démarche de missionnaire, un désir d’amour, une recherche d’absolu. Mais un christianisme au sens propre, pas celui des ambitions, des frustrations, des hypocrites, mais exigeant, donc le plus souvent inexistant.
Tu pouvais aussi donner des leçons sur la base de ta véritable vision de gauche, généreuse et ouverte, pas du genre des fans de Télérama qui se gargarisent de leur prétendue utilité alors qu’ils ne sont utiles qu’à eux-mêmes et à leurs confortables certitudes.
Mais tu as su écarter le dogmatisme, qui tente souvent les chrétiens, les gens de gauche, d’autant plus les chrétiens de gauche : tu n’opposes pas de façon schématique l‘Afrique et le fric, la magie blanche et la misère noire; tu n’imposes pas de réponses que tu reconnais ne pas connaître, assez honnête et lucide pour reconnaître tes ambiguïtés, tes doutes et tes faiblesses ; tu ne sors pas de solution miracle d’un chapeau qui tiendrait du casque colonial : tu reconnais que la communion originelle dont tu rêves est très difficile, voire irréalisable. Il y a là du tragique, que tu acceptes. Les contradictions acceptées en soi-même et chez les autres, avec franchise et sans masochisme, c’est la matière première de la création artistique.
L’art dépasse parfois la vie, à moins que ce ne soit l’inverse. L’histoire et l’actualité t’ont rattrapée : Eyadema remplacé par Gnassingbé à la suite de tripatouillages et de violences dignes de la plus indigne des démocraties. Encore un reliquat pas très positif de l’héritage colonial. Encore un problème dont nous ne pouvons pas encore penser les solutions.
A révélation de contrastes vision contrastée : en te lisant j’ai eu l’impression d’une sorte d’accouchement, plein d’irrégularités, de violences et de douleur. Je l’ai senti d’abord dans l’émiettement de ta parole sous forme de lettres, la brièveté voire la brutalité des ruptures qui brisent parfois des phrases ou des paragraphes.
Tu n’as pas enfanté un petit africain, ni un nouveau film en noir et blanc signé Dieterle, mais un livre. Tu nous offres un miroir de plus dans ce monde d’écrans, de reflets et d’apparences, mais un miroir si bien orienté qu’on n’y voit pas que soi-même mais aussi un peu les autres."