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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 14:56

cela fait deux ans ( déjà) que je n'ai pas remis le pied sur la terre africaine, ceux qui partagent ce sentiment du manque  comprendront ces textes écrits à chaque retour ...

Lomé est la capitale du Togo
je n'aime pas beaucoup cette ville sale et mensongère qui présente ses plages et ses quelques buidings bancaires comme autant de leurres pour masquer l'autre réalité des choses, mais c'est une ville encore petite qui a du charme et de la tendresse à revendre,
tout est contradictoirement vrai et pareillement  douloureux à comprendre



Lomé / on charrie dans son sang le virus aiguisé du retour, du manque, la soif inextinguible des enfances en amour
on s’assoit au bord du chemin, et le chemin traverse le ventre blanc en traînées de sang séché
la cicatrice demeure béante, elle pleure avec les mouches bourdonnantes qui ne peuvent apaiser le chant du souvenir
le mal s’y loge en force vive qui réclame une douceur de canne à sucre, le piment rouge au bord du cœur, la verdeur luxuriante du berceau humain
le sang bat lourdement dans le coffre des côtes et de la chair le sang est enfermé dans une boite d’éclairs électriques l’océan est trop vaste et les larmes salées

poème du retour à Lomé / le soir de Lomé parle du vent qui passe sans s'arrêter et fait le tour des routes où je pose en rosaces des pensées bien ordonnées qu'il balaye aussitôt
le vent de Lomé parle du soir qui efface en coulées le ciel et la grève roussie
c'est la même course imprévisible de gouttes salées
c'est le même appel qui fait jaillir d'escales en escales le même désir qui recouvre parfois le coquillage d'un autre désir
c'est la même vague qui se rend à mes pieds
je sais où elle arrive je ne sais d'où elle part
elle est l'onde extrême d'un cercle poudré sur la marée d'un corps en puissance
et pas à pas revient jusqu'à moi




aurore
Vers quatre heures je m’éveille chaque matin
Pétrifiée du silence inhumain
Du désert de silence où tout se tait
Je cherche à tâtons le vague espoir d’un chant de prière, d’un sombre écho de l’au-delà, d’un petit remue-ménage d’insectes affolés
Il n’y a jamais rien
Pourtant je m’éveille…
Tandis que là bas, le pas d’un enfant qui se lève au bord de la nuit
Chuinte doucement dans la rouge poussière
Et touche le coin du sommeil
Qui s’oublie



partir
Partir - avec le regard trouble des larmes voilées
Partir – sans connaître le temps du retour
Partir – compter, dit Wassiou, l’heure, la minute puis la seconde où tu me manqueras déjà
Partir – abandonner, si mal
Partir – escorte d’enfants noirs sur la nuit terreuse jonchée de sourires pâles
Partir – et perdre un jour de plus où il fera chaud d’un vent de caresse
Partir – avec la soif du voyageur qui perd son étoile
Partir – jusqu’à quelle limite pour eux-mêmes infranchissable à jamais
Partir – oh mes fils de diamant dans les douleurs de l’œil
Partir – et mourir un peu plus vite
Partir – et ne pas revenir ?

 

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  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
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