ne pas croire que pratiquer la nostalgie est un exercice auquel souvent je m'adonne
je trace seulement des lignes entre le temps et l'espace, je ne sais d'où je viens, mais je comprends par où je suis passée, qui j'ai vu, qui j'ai aimé, et souvent, ce que j'ai manqué
de cela nous sommes tous faits, et même des gens oubliés, des images fanées, de l'eau des rivières depuis longtemps taries, des mémoires qui sont passées de nos cerveaux à nos chairs, à nos muscles, à notre sang, des émois enfouis qui sont devenus nos os
cela nous tient debout pour nous lever ce matin et avancer encore demain.
que nous le sachions ou pas n'a aucune importance
donc pas de nostalgie : juste le rappel d'un moment qui fut un autre moi
un autre dimanche où j'étais assise sur la terre rouge à midi
comme en cet instant assise dans le froid automnal du vide où je m'installe pour aujourd'hui
Poème de midi - dimanche 20 août 2006
Moh na wissi
Sur la route, à l’aplomb du soleil qui fait bouillir les crânes
Au bout de la route, la cour de l’école. Ce que, chez nous, on appellerait parc : flamboyants, acacias, eucalyptus et kapokiers .
La température extérieure, ni chaude, ni froide
Le corps lié à la souplesse de l’air dans un bain égal à lui-même où dort la racine traîtresse d’un caïman.
Je m’assois.
Trois femmes passent que je ne reconnais pas.
Node – yah. Konkare ni – alafya.
Elles, me saluent par mon prénom..
Les gamins aussi vont par trois.
Fama lide ! - C’est pour acheter l’eau. Le troisième se tait.
Medenva lide - Je ne donne pas l’argent – je dis. Une phrase vite apprise.
Bila petasi. Sourire quand même.
Enchanté.
Une vache bossue fait tourner sa queue autour de sa maigre croupe. Les mouches se moquent.
Debout en haut de l’arbre, coupe-coupe en bataille, un homme lâche à terre des rameaux de feuilles.
Le beau dimanche habité d’oiseaux.
Je ne suis plus en mission mais en voyage.
La pluie me guette. Et je m’en fous !