précédemment, je m'étais proposé de situer le Togo dans son contexte historique et géographique,
mais après tout, ce n'est pas mon objet, et l'on trouvera ces infos techniques ou savantes sur des sites qui sont faits pour ça ...
Pourquoi ai-je cherché cette image précisément ce soir pour illustrer mon invitation... ?
il y a beaucoup à dire sur ce qu'on voit là :
les forgerons de Tcharé façonnent à l'aide d'une masse de pierre, des métaux récupérés au Ghana (anciens rails de chemin de fer parait-il) pour faire des houes, des dabahs (sortes de bêche), des castagnettes dont les femmes du pays Kabyè s'accompagnent en chantant
est ce le pittoresque d'une image étonnante qui séduit tout d'abord ? ou la force déployée par ces hommes qui font un travail épuisant , en ne mangeant pas toujours à leur faim (en tout cas pas des nourritures aussi reconstituantes qu'il le faudrait ) ? ou est-ce l'immuable tradition d'un âge révolu qui inspire le respect ?
je ne sais pas... mais cette image émouvante, je ne la vois pas comme l'effet d'une pure curiosité mais comme une question jamais résolue
sur notre capacité à vivre en hommes en étant si différents les uns des autres,
sur le désir que ces garçons peuvent avoir dans le même temps, de s'affranchir s'ils le pouvaient de telle souffrance engendrée par ce labeur, et de ressentir une fierté et une dignité uniques à se savoir dépositaire d'un savoir millénaire qui pourtant, ne servirait plus à rien si la richesse manufacturée était au rendez vous,
sur ce que nous avons de commun, vu d'ici, avec cette vie à l'espérance réduite
car c'est effectivement un effort aussi démesuré qu'il semble gratuit
sauf que c'est aussi très beau
mais cela également se folklorise, comme quantité de choses magnifiques engendrées par l'imagination humaine pour faire face à l'adversité
le mouvement de l'homme figé par la photo s'affadira peu à peu dans le changement utile au confort des humains, les secrets se perdront comme tant d'autres se sont perdus, parce qu'il nous est nécessaire d'oublier pour parvenir
mais à quoi ?