parcourue de flûtes et de fracas,
de craquements, sifflements, frottements, rythmes coassants et symphonies brisées
la nuit abrite des génies aigus qui découpent les ombres au scalpel
sereine ardente, et illisible
au ciel méconnu, la planète Mars parle encore de latérite
et dépose son rougeoiement sur le champ des ténèbres
mais je ne sais plus dire les étoiles
la nuit ne cesse de danser et jouir d’elle-même
chargée de sources rêveuses qui étouffent l'exigence du matin
la nuit, on ne sort pas
on n’empiète pas sur le domaine des morts et des hyènes
et moi trop blanche encore, trop exposée, trop étrangère
je ferme les yeux sur ses dents de lumière
la nuit cache en son ventre repu des voix inamicales
qui recouvrent les calques de nos chimères
puis elle retombe en étoffes paresseuses
que le vent ne saurait déchirer
la première fois que je t’ai vu, je ne t’ai pas vu (ton visage effacé par le feuillage obscur)
le soir enfante des peut-être, il noie la pierre lancée,
ce n’est pas une vague ni un repli, c’est la griffe de ma froidure intime
un beau soir pour mourir, chanté par les grenouilles
un beau soir pour couler les navires et foudroyer l’autre qui me retient
répéter répéter répéter
l’incantation de l’ombre
déchirer la peau des ténèbres
faire jaillir l’imposture et ...
amen