J'ai préféré m'éloigner un peu, en ces temps de chagrin ... et de débordements médiatiques, l'un et les autres n'étant pas idéalement compatibles
Avec le recul je me pose cette question :
Où chercher, en deçà de toute haine, de tout interdit, de toute répression, le lieu et le moment pour lesquels, dans lesquels, ne se manifestèrent pas les pulsions de la nuit, du silence de l'intrusion, du fanatisme
En un mot les actions humaines au nom desquelles, jamais, on n'a tué, ni détruit ?
Que l'on ait tué au nom de n'importe quelle religion, et ses cohortes moralisatrices, me fait récuser toute religion et toute sainteté
Si l'on a tué au nom de la puissance et du gouvernement des peuples, je récuse toutes les variétés du pouvoir
Si l'on tue au nom du territoire, de la possession, de la domination, il va sans dire que je les récuse sans appel
Si l'on a fermé la bouche d'un autre au nom de la Vérité ou de la Science, alors je récuse la Vérité et de même la recherche du fait et de l'explication du monde
Si l'on tue au nom de la Nature supposée des corps, de la terre et des astres, je récuse la nature supposée de l'existence avec l'idée que chacun s'en fait
Et même si l'on en vient, comme cela est trop souvent, à tuer au nom de l'Amour, je récuse de l'Amour les faiblesses meurtrières
Dois-je chercher en vain au nom de quelle manifestation de l'être et du vivant jamais on ne tua, ni ne viola, ni ne tortura ?
Et là, me vient au coeur, avec Charles Baudelaire qui m'accompagne depuis cinquante années, le gout de ... la simple beauté, des mots, des sons, des couleurs. La beauté au nom de laquelle beaucoup moururent le crayon à la main, ou le papier enfoncé dans la gorge, mais qui eux, jamais ne tuèrent au nom de l'art, au nom du poème, au nom des statuaires, au nom de la danse et du chant, au nom du créateur.
Et je me dis que peut être, c'est ici ma liberté !
il parait que la colère
est une fleur
comme toutes les autres