19 juin
7h du matin sur le pont du "Aline Sitoë Diatta". Arrivée sublime en Casamance par le fleuve. Le soleil blanc illumine un banc de brume. Les îles, le vert des arbres, le souffle déjà chaud, tout cela apporte une image et une odeur de savane et d'Afrique éternelle, telle qu'imaginées au plus loin des livres de l'enfant que je fus. Des dauphins joueurs accompagnent le bateau, et on aperçoit sur les berges plates de l'estuaire, quelques villages de pêcheurs posés sur la mangrove.
Peut on vivre sans rien savoir du monde où l'on vit? les cultures originelles, réduites à l'habitat d'un petit nombre organisaient le monde autour de leur centre - village - canton - région. Aujourd'hui cette extension à la planète entière comme "monde" est encore une escroquerie de la pensée qui se réduit au final à un point dans l'infini de nos représentations. Alors peut-on dire du pêcheur de Casamance, ou du nomade du Ténéré, qu'il connait moins du monde que moi ? l'idée d'un homme universel et planétaire est-elle vraiment crédible, et nécessaire ?
je ne sais pas... alors, ces questions que je rumine depuis trop longtemps dans ma tête s'allègent au cours du fleuve, jetées sans réponse dans le calme des eaux primordiales.