Toutes les images du voyage en train : KAYES BAMAKO
le brassage des eaux profondes fait remonter le temps
que les puits d'ombres ont avalé
bouger bouger
et ne pas se demander si être
c'est être quelque part
ou être de quelque part
ou être quelque chose
ou quelqu'un
mais cadencer le mouvement mécanique
talon après talon
roue après roue
qui ne se posent jamais
celui qui marche n'a pas mal
seule l'immobilité révèle douleurs et raideurs
et l'on cherche à rattrapper sans lassitude
ce qui fuit au delà
où le matin est sans cesse assuré
sur l'horizon d'un soleil de glace
que l'on sait impossible
et qui pourtant nous illumine
je marche et cours en vie
parce que la mort s'ouvre au bout
celui qui ne court plus
est déjà touché au coeur
du jour qui ne se relèvera pas
j'ai fait la traversée nocturne
d'un rêve qui ressemblait trait pour trait
nuage pour nuage
au ciel pesant de Bamako
la noirceur au dessus
mais tout autour, lointaine
vacillait l'espérance ourlée de lueurs blanches
c'est vers elles que je cours
heureuse, délivrée par avance
le ciel noir n'est qu'un leurre au dessus de nos têtes
vivre n'est alors que ça
apprivoiser l'orage
que la mort nous rappelle en jubilant
être soi même le mouvement