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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 14:47

 

 

avant l'Afrique, mais aussi dans le même temps, dans le même amour partagé, dans la même admiration, dans la même fusion poétique, il y a le Japon
cinéma, architecture, art de vivre, et poésie
dont le haïku

le haïku, pour ceux qui l'ignorent encore, est un poème bref, intense et vagabond qui dit l'humain avec humour,  qui parle du quotidien avec une philosophie subtile, qui évoque enfin la nature avec un lyrisme réservé, dédié aux sensations bien plus qu'aux mots, d'où cependant le jeu de mots n'est pas absent, même si l'on n'en ressent sans doute pas la saveur brute lorsqu'on ignore la langue.

 

 

dans ce monde de rêves
je cultive des oignons
solitude (kooi)

dans l'inaction
elle a vécu l'holoturie
dix huit mille ans (shiki)

 


j'aime le haïku parce qu'il accompagne la marche, l'errance et la nuit ... "voilà pourquoi tous les passionnés de silence, et ils sont peut être plus nombreux qu'on ne le croit, sont susceptibles de devenir des passionnés de haïku" (ôoka makoto in "poèmes de tous les jours")

 

 

 

avec pour seul chapeau la lune
je voudrais tant partir !
ciel du voyage ( tagami kikusha)


j'aime le haïku parce que "le créateur qui s'en réclame évite soigneusement de dépasser le seuil de la simple suggestion, attentif d'abord à laisser les portes du sens grandes ouvertes" ( maurice coyaud in "fourmis sans ombre")

 

 

 

 

pour écouter les insectes
pour écouter les humains nous ne mettons pas
les mêmes oreilles (wafù)


y a-t-il, au fait, meilleure définition de la poésie dans son essence, et de tout art dans ses visées ?

 

 

 

 

un homme sans pinceau
quand vient la lune
est-ce possible ? (onitsura)


les haïkus sont souvent rangés par "saisons" , comme le suggéraient dès leur origine les admirables "journaux de voyage" du moine poète Bashô qui vécut au 17è siècle

 

 

 

 

la mer dans le soir
le cri des canards
a quelque chose de blanc (matsuo bashô)

 


voici quelques poèmes suggérant l'automne puisqu'au coeur de novembre nous voici plongés (en breton : "miz du" le mois noir)

 

 

 

 

lui un mot
moi un mot
coeur de l'automne (takahama kyoshi)

froidure d'automne
oh! l'éclair de ces yeux !
masque de démone (shiki)

j'ai coupé la pivoine
quel chagrin mortel
ce soir ( buson)

le vent d'automne
transperce les os
de l'épouvantail (chôi)

triste joie d'un cheval efflanqué
à la verticale
de l'automne ( murakami kijô)
 


... et une courte bibliographie

 

 

 

 

  • "poèmes de tous les jours" anthologie proposée par ôoka makoto - traduction yves-marie allioux - ed picquier poche
  • "fourmis sans ombre - le livre du haïku" maurice coyaud - ed phébus
  • "bashô journaux de voyage" traduction rené sieffert - ed publications orientalistes de france
  • "ah le printemps" traduction cheng wing fu et hervé collet - ed moundarren
  • "le livre d'or du haïkaï" pierre seghers - ed robert laffont
  • "poèmes zen de maître dôgen" calligraphies de hachiro kanno - ed albin michel
  • "anthologie de la poésie japonaise classique" - nrf poésies gallimard

 

 

 

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