"au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" ... j'ai toujours aimé ce vers de baudelaire, toujours eu envie de remercier par avance l'inconnu auquel je venais me frotter. Je ne parle pas ici d'un homme, ni même de quelqu'un en particulier, mais de tout ce qu'on ne sait pas, qu'on n'a jamais vu, qu'on ne reverra jamais... de tout ce qui peut arriver !
je parle du fragile, du précaire, de l'instable et du déséquilibré, qui balayent nos vies encombrées, enserrées dans leurs armures trop prévisibles
je parle du voyage "à ma façon" qui n'est pas seulement la découverte d'un autre, des autres, de l'Autre, mais l'espace de vertige où l'on précipite ses certitudes, ses buts avoués, ses perspectives d'un seul tenant pour mourir s'il le faut dans l'euphorie du "jamais encore", et peut être, du "jamais plus".
je ne dis pas que les hommes et la terre ne se ressemblent pas, plus souvent qu'on le croie d'un bout à l'autre de ce monde, qui justement n'en n'a pas, de bouts à lier au port d'attache.
je ne dis pas que je sais m'oublier, que je sais disparaitre et me fondre.
dieu ! comme je l'ai voulu pourtant !
je dis qu'on devient vieux, qu'on devient mort lorsque l'avenir est dessiné d'un seul trait où le chemin se coupe d'un tranchant coup de gomme que l'on savait de toute éternité se trouver là. Où le dieu imaginaire nous prédestine ou nous récompense d'un parcours bien fléché.
je veux que tout cela n'ait aucun sens et qu'on puisse y marcher, et s'y perdre à sa guise ! perdre les flèches et les cartes et les repères.
ensuite, passer vraiment à autre chose !
une nouvelle visée, une nouvelle route où l'on ne se saura pas glacé, figé de peur, d'avoir oublié le chancelant bonheur d'être en errance
et le désir, et le désir, de l'inconnu
contemplé face à face