Autant dire tout de suite que ce voyage, en dépit des milliers de difficultés et de la fatigue rencontrées est d'ores et déjà un enchantement. De plus, le voyage en train dont je rêvais depuis si longtemps est là, à portée de ma bourse plutôt modeste (7000 frs pour faire 500 KMS).
Le mercredi je suis restée à Kayes, sous un soleil revenu de son exil et qui tapait dur, très dur même. J'ai parcouru la ville à la recherche d'un cyber en me faisant la réflexion que le taxi brousse et le cyber centre sont d'excellents moyens de découvrir la vie africaine au rythme de la réalité d'ici, vu le temps qu'on passe à attendre et se faire ballader dans les uns et à parcourir une ville en tout sens pour chercher les autres !
Ce qui est frappant, en revanche, c'est la vitesse à laquelle le téléphone mobile s'est répandu dans toute l'Afrique! Il y a du réseau à peu près partout et des antennes conséquentes sont maintenant plantées dans les brousses les plus reculées.
Quant à "Orange", au Sénégal comme au Mali, il vous souhaite la "bienvenue" et la "bonne route" sur d'immenses panneaux à l'entrée et à la sortie du moindre hameau de 3 cases. Et pour la télévision, on aperçoit des antennes en des lieux où l'électricité semble pourtant n'être pas encore arrivée !
Je finis donc par trouver un cyber à Kayes après avoir arpenté un bonne moitié de la ville. Je traverse le grand marché où, curieusement personne ne m'aborde ou ne me tire la manche pour me faire acheter ci ou ça. Seuls les petits enfants, qui m'appellent "toubabou", viennent me serrer la main avec des sourires en coin, plus ou moins rassurés.
Je remarque aussi un fait dont je ne peux faire une généralité sur une si courte escale, c'est que les jeunes hommes, si prompts à se chercher une "maman" pour les emmener en France lorsqu'on les rencontre au Sénégal et au Togo, sont ici discrets et respectueux.
Je dois dire par contre qu'en dépit de mon âge, je me suis fait draguer de façon très appuyée, même en annonçant que j'étais déjà mariée et grand-mère, pour avoir la paix, par des quarantenaires enjôleurs qui disaient se sentir séduits par mon intelligence et ma conversation. Ben voyons!
Au dernier de ces messieurs, un prof très intéressant par ailleurs tant qu'on s'en tenait à des généralités, je me suis permis de répondre, façon "cousin à plaisanterie" (ici, c'est autorisé, d'après ce que j'ai pu comprendre) que si les maliens tenaient tant que cela à des conversations intello avec des "femmes de têtes", ils n'avaient qu'à envoyer leurs filles à l'école et leurs femmes au travail!
Mais revenons à Kayes et à son train de rêves que je me suis fabriqués notamment en voyant un jour le film "je chanterai pour toi" (je n'ai plus le nom du réalisateur en tête) tourné à Kayes sur la vie du chanteur Boubakar Traoré, l'enfant du pays, que j'adore. Je m'étais toujours promis que je viendrai un jour ici, pour retrouver cette émotion, et que je prendrai ce train qu'il emprunte aussi dans le film.
Le fleuve Sénégal accompagne paresseusement la ville, traversant l'ancien quartier colonial où de belles villas sont encore visibles, comme d'ailleurs aux abords de la gare.
On me dit que le train part demain à 7h15. Je m'émerveille de cette précision, sans toutefois y croire plus que cela, et je file me coucher dans une chaleur écrasante qu'un ventilo poussif n'arrive pas à dissiper.