il s'avance à petits pas glissés devant 40000 spectateurs avec un sourire béat d'enfant récompensé au delà du mérite
en frappant dans ses mains pour faire semblant
d'un seul coup j'oublie mes oreilles et ne voit que le petit homme vouté
qui reprend vite son souffle, qui touche sans arrêt ses cheveux (teinture ou postiche ?), qui prend et repose le micro à chaque mesure
je veux lui laisser une chance
sans que le coeur y soit vraiment
après Mozart dit on le silence est encore du Mozart
juste après la débauche du métal, il n'y a rien
c'est cela que j'aime y trouver : une musique des limites extrêmes au delà desquelles on tombe dans le néant même de l'idée ou du sentiment de musique,
mais dans le show fatigué, il n'y a que la voix de fausset d'Ozzy, et une forme trop bien léchée qui dit le désespoir sidérant de l'impuissance
sans aucune pitié
à la cinquième reprise rageusement, je fends le rituel bigarré de la masse qui attend son plaisir
là bas les zicos se déchainent autour du petit vieux qui me ressemble peut être
l'âge ne rétrécit pas ma vue, au contraire, il offre à mes regards l'ampleur du désastre
tandis que ma jeunesse obstinée resserrait son chariot de vouloirs dans l'ornière du devenir
mais je ne suis pas sage
je vais faire quelques pas,
au delà du grand bazar quelques vikings assoiffés livrent et délivrent une énergie métalleuse qui sent le propre de l'enfance
ma colère est la leur
sans que je sache pourquoi
Ozzy osbourne - Black Sabbath - Hellfest 2014