à six heures du matin dans les toilettes du terminal trois de l'aéroport de Roissy
il y a
tout l'or noir des sables d'Arabie posé sur la cuvette
il y a
un torrent de fraicheur conditionné aux tournoiements d'un soleil calciné
il y a
une feuille d'arbre mort volé au comble du désert pour torcher nos trop pleins d'abondance
il y a
une source prisonnière qui aspire en dessous le riz des affamés
il y a
chrome et nickel, froideur de mines avec lesquelles rien ne s'écrit
il y a
mes mains qui font couler la terre rouge de Kara dans l'égout de la Seine
il y a
sur mon visage sans sommeil un dégout de nos haines
dans les toilettes du terminal trois de l'aéroport de Roissy
sur la tablette immaculée
il y a
mes lunettes
noires
à six heures du matin