elle se nomme évidemment au singulier dans ce qu'elle a de distance face au prosaïque quotidien
elle se nomme et s'effiloche dans un haillon de minutes égarées, ici et là et encore ailleurs, mais jamais où on l'attendait
si l'on ne prend pas de vacance en hiver, ou de vacance chez soi, ce n'est pas seulement pour la brièveté des jours ou l'impossible rêverie de l'intérieur, mais c'est aussi à cause de cette incapacité qu'on éprouve alors d'entrer en errance au hasard de moments dont on ne fera rien, au bout du compte
dont on ne comptera même pas les furtifs passages
les jours sont longs, sont ils donc infinis ?
le chant obstiné d'un oiseau m'aura soudain happée, ou le bourgeonnement d'un fruit, que j'en aurais presque oublié ma destination
faut-il encore avoir destination ?
qu'importe le destin, la chaleur et la lumière sont à nos portes, leur refuserons nous l'invitation d'une heure, d'un jour, d'une semaine ?
le soir est doux, il ne convient pas aux ruminations, il prend l'air et s'accorde à la lenteur du vide
tout comme je le fais, redoutant l'hiver, espérant parfois secrètement reprendre un peu d'ouvrage
mais qui donc a rendu ce métier si léger, ne vient il pas de s'envoler ?
la langueur satisfaite a remplacé mes exigences
eh bien, tant pis !