continuer ce que j'ai entamé hier dans l'article "carnet de voyage"
publier ici quelques textes que je n'avais pas insérés dans mon récit de cet été ( Dakar Lomé), pour la raison simple d'ailleurs qu'ils n'étaient pas encore écrits
ces rubriques s'appelleront "Villes d'Afrique" , celles que j'ai traversées cet été et d'autres peut être si j'ai le temps de boucler cela avant mon départ pour la Bolivie (où.. là.. changement d'univers ... qui m'a fait rêver depuis longtemps !)
DAKAR
Elle vibre de fracas métalliques. Containers, rails, chaos de taxis sur les routes en jachère, motos en pétarade, halètement des bus verts et blancs. Percussion, martelage. Concert.
Rythme de forge qui respire en puissance le long d’un océan mesuré au rivage poli.
Le ventre de Dakar, sa pulsion intime se dispense à la face d’un horizon bleui. Vacarme contre vacarme. Tambour contre tambour. Des grues portuaires aux pièces qui tintent dans les boites en fer des enfants mendiants, c’est un soulèvement de poitrine cuivrée qui pleure et rit, et cadence en pâmoison ses mamelles de sirène fracassée.
Sur son torse, un bijou d’ocre rouge et de sang fait perler la marque de l’esclave, et la honte que des siècles de clameur n’ont pas fait taire.
Gorée.La silencieuse. Plus forte en son repos que la convulsion d’orage qui tente de couvrir sa voix.
Dakar chauffe en braillant sur les marchés, les étals, la gare vide, les fontaines sèches, les montagnes de chinoiseries, et les statues de bronze. Pas assez fort, pas assez fort, redit la mer en caressant le bois polychrome des pirogues.
Dakar revit et s’enfonce et revit chaque matin, chaque soir.Son île en mer ne ferme jamais l’œil accusateur de sable et de corail.
Les couleurs se mélangent plus tard dans le noir qui gomme ses attraits, et déposent sur chaque regard qu’elle arrache au malheur, un arc-en-ciel naïf qui n’a rien oublié du soleil captif et du voyage sans retour