Bamako, trois notes arpégées sur la kora, trois vibrations de cordes qui s’emmêlent et se défient
Soleil, terre, fleuve
Le limon du Niger, la blancheur violette de l’aube, le nuage gavé de menace et d’orage
J’entrais à Bamako par la gare 1900, semblant de goût français plantée dans la boue archaïque d’une terre malmenée
Tout était ainsi, résonnant en trois notes contrastées, martelées sur les rails luisants qui nous portaient à peine, rails de fer aérien, couleur de ciel, couleur de vent, couleur d’usure
Et la fête continuait dans les avenues d’un peuple assoiffé de vertige, de mots et de rumeur chantante
Tout à coup, la rupture saignante d’un accord plaqué signalait le fleuve nègre, qui tourne le dos à la mer, le fleuve serpent vert courant vers le désert, le fleuve métallique accréditant des rêves insensés
Au bord du Niger un enfant parlait sans se lasser à la terre rouge, à la femme blanche qui ne l’écoutait pas, à l’ombre grise d’une espérance inutile
Trois notes, et Bamako sous la pluie rutilante continue à célébrer ses entrailles multicolores
Le vie la vie. La musique
Et Birago Diop
Que le chant des piroguiers Bozo a déjà emporté
bien loin de moi.