je gommais jusqu’au nom de la ville goudronnée de lagunes suffocantes
saisie par son regard de hyène je marchais et marchais dans les ruelles aux dents rouges de piment
je cherchais jusqu’au soir le mot de passe, le mot de soufre qui m’ouvrirait la nuit
puis je cessais de m’égarer dans le travers des lueurs sales
et je sentis
le soir de Lomé parlant du vent qui passe sans s'arrêter et fait le tour des routes où je pose en rosaces des pensées bien ordonnées qu'il balaye aussitôt
le vent de Lomé parlant du temps qui efface en coulées le crépuscule de cuivre et la grève blafarde
c'est la même course imprévisible de gouttes salées
c'est le même appel qui fait jaillir d'escales en escales le même désir qui recouvre parfois le coquillage d'un autre désir
c'est la même vague qui se rend à mes pieds
je ne sais d'où elle part
mais maintenant
je sais où elle arrive
elle est l'onde extrême d'un remous poudré sur la marée d'un corps en puissance, qui respire et qui doute, puis se ferme en cercle de métal autour de mes chevilles
et peu à peu remonte avec ma voix