la ville dort sans frémir, son souffle de lézard sur la platitude du sel gronde très en dessous,
monde à l'écoute derrière les fenêtres enroulées sur elles mêmes
les églises verrouillées et les commerces clos ne parlent que de l'heure absente
cherchant l'accord d'un chant profond qui coulerait du bitume
portes et jardins s'éveillent à la tombée du jour
c'est une autre ville qui tremble alors sur le pas suspendu d'un tango flamboyant, torsion de femmes et de velours que rien ne peut ternir
ni les idoles matoises, ni les diables cendrés tapis dans les entrailles des volcans
ni les tambours de peau qui ruinaient l'espoir des conquérants
bien plus au large, la montagne se déplisse, friche de solitude ardente que marquent l'ongle sur la corde et le final plaqué
où se répandent vin et bière chaloupés de rires sur l'envol d'un adieu
mais en quittant Rioja, je l'oublie sans façon
ne restent que l'eau fraîche et la main de l'offrande qui s'éloigne et s'éloigne et
rien d'autre
route salée entre Mendoza et Rioja