Uyuni est un monde plat où s'évase un miroir qui file vers on ne sait où
le train se rouille aux confins du désert, et la saison chargée d'orage aplanit la couleur outragée des couches minérales
d'un seul coup, il n'y a plus rien que l'eau amère, un vernis tiède qui colle aux deux mains, ciel et terre encordés
c'est un pays qui peut rendre fou, un pays de lenteur qui torture à petites frappes, à petits flocons, goutte à goutte sur le silence argent de l'horizon
jamais le ciel d'un lieu n'a donné son nom à tant d'incertitude : je me prends la mémoire dans les reflets du temps courbé, tous regards confondus par le sel des mirages
qui tombent et glissent jusqu'au désert de Dali, de Tanguy, de Magritte que les pierres éclatées font émerger de lagunes surréelles
un vol de flamands déchire l'imprécision du jour: les couleurs et les pierres s'ordonnent et se rehaussent quand l’œil ouaté de neige ajuste son fard de sable noir
la ville s'ouvre à tous les vents, jusqu'à quelle imaginable confluence ?
jusqu'à quelle déraison ?
d'autres photos du Salar et du Sud Lipez en Bolivie : album
images à comparer peut être avec ce tableau d'Yves Tanguy... il y a un désert dans le sud Lipez, donc, qui se nomme "désert de Dali", mais c'est au peintre breton que je pensais sur le Salar