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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 17:57

Quelle température de brume rend le ciel à sa couleur secrète ?

Quelle étreinte métallique fige les forêts ombrageuses ?

Quand la terre ne mord plus, elle se fond

Quand l'air ne domine plus, il s'efface

Alors l'œil se revêt de l'or des papillons

Mais la danse est finie.

Mekong

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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 17:59

Il fallait ne rien penser, il fallait le moment présent, les pieds, le corps, dans la ville.

La photographie s'écartait de la rumeur. L'image gardée sur l'écran ne comptait plus, seulement  celle qu'on tenait dans son regard, celle qu'on avait vraiment vue ... qu'on partagera avec les mots ?

Se taire d'abord dans le vacarme des moteurs, et d'autres mots incompris. Et pas d'autres envies : voir, sentir, le reste est ineffable intransmissible, le temps défile et l'on est dans le film, dans l'image, le son, l'odeur, rien ne se compte

Un instant on s'arrête pour écrire, c'est-à-dire respirer : l'image ne resterait que pour un seul sens, je voulais être là, dans tous les sens. Je ne suis pas le centre, je suis autour, et ce que j'embrasse c'est la multitude de l’autre.

J'aime le bruit de l'altérité. Les choses, les objets, les monuments ne sont rien d'autre que des sentiments, nés de sensations, d'immersions.

Le surplomb des maisons inconnues, étroites et verdoyantes, qui dominent la rue, qui exacerbent le sens des millions de vies qui les habitent : je ne les fixe pas, je les digère, je les écoute

Infini des moteurs, scooters, motos, cris des vendeuses ambulantes sous leurs palanques chargées, troupes d'enfants, partout musique, sur les bords du lac, ensemble de femmes, tous âges confondus, dansant le soir sur des rythmes d'ailleurs, pétarades inexpliquées, bruits de ferraille, déchargements, klaxons, appels.

Le train vers Dien Bien Phu passe au milieu d'une rue étroite, cerné par les tables des consommateurs que la police disperse, une fois le train passé

Le vent du soir porte loin la sonorité urbaine, comme au théâtre des marionnettes sur l'eau où les tambours et les flûtes aigres accompagnaient chaque geste

La ville ne dort pas, les sourires ne bruissent pas, ils accompagnent.

Les voix tournent en rond, effrénées, tenant en joue mon sommeil incertain

Hanoï
Hanoï
Hanoï
Hanoï
Hanoï
Hanoï
Hanoï
Hanoï

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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 17:55

la nuit est un long bruit blanc qui enrobe les cartes et les mots des voyageurs

le dos s'étire entre deux jours qui empoignent le temps d'un côté à l'autre de l'écran indifférent

devant derrière au-dessus tout est pareil et rien n'est vrai

les chiffres ne disent rien d'imaginable à mille kilomètres par heure par moins soixante degrés

sous les pieds la constante vibration simule la confiance du vide, onze mille mètres au dessus du sol

ma tête n'a pas changé de date elle est encore crépusculaire tandis que le corps a déjà, lui, tourné la page du nouveau jour

il s'oblige à dévoiler son sens vers le hublot, vers l'aube crasseuse qui étouffe le hérissé des immeubles et le piquant du béton resserré autour du grand fleuve, quand viendra la longue descente dans l'épaisseur, dans l'inconnu

Vol de nuit

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 13:55

emparez vous des cartes

faites danser vos yeux sur le papier

vos pieds sont des oiseaux

que la mer n'effraie pas

 

il faut partir !

 

partir !

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13 février 2024 2 13 /02 /février /2024 10:29
Pas sûr, pas sûr, qu'on forcerait l'allure,
Qu'on aurait plus d'air pur
Pas sûr que les faucons, et pas sûr que les vrais
Pas sûr des lettres mortes qui font leur proie de mots
Désemparés et d'autres vents contraires
Pas sûr qu'on pleure en paix sous le ciel décalqué
Pas sûr qu'on ait le temps de s'éveiller, de réveiller
Les faux amis, les vrais aussi
Pas sûr que le sommeil
Et la vie durent, et durent
Pas sûr, pas sûr
Rien n'est jamais sûr, sauf le pire

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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 20:55
Que disait-on des larmes autrefois ?
Qu'elles lavaient le silence et faisaient mûrir les fruits du temps
Qu'elles dormaient sous les oreillers pour lessiver nos cauchemars
Qu'elles tombaient d'un ciel profond qui n'oublierait pas de combler nos espérances
Et puis
On ne pleure plus, on laisse la pluie fracturer les nuages
Refléter la douleur de l'espace qui s'abîme au fond des eaux et s'obstine à nous revenir en sèche amertume
Car la douleur ne sert plus à rien
Les larmes sont absences
Seule la colère subsiste quand la terre ne rêve plus
alarmée

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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 15:18

le cerveau se remplit d'atomes crochus, de colères rentrées, d'oiseaux pointus,

de vomissures secrètes, d'escaliers sans fin, de vents étoilés, de cagibis prisons,

de pieds de grues enfoncés dans la vase,

de feuilles mortes, d'ondulations, de nausées, de piques et pêches,

et puis

le cerveau se vide

Bien fait ! c'est tout ce qu'il mérite

 

le cerveau

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4 janvier 2024 4 04 /01 /janvier /2024 15:08

on ne lâchera rien.

on sera heureux, juste pour faire la nique à ce qui hait

on dira oui, on dira non, mais on saura pourquoi

on aimera quand il faudra, plus souvent qu'à son tour

on poussera les vieux démons dans la fosse de l'indigence

on lèvera le poing et puis

on ouvrira les poings fermés jusqu'à ce qu'il en surgisse des chants-oiseaux

on se relèvera autant de fois que nécessaire

et jamais seule et jamais seul

on gravera sur les nuages des mots entiers qui feront taire le vent des explosions

parce qu'on le peut

parce qu'on le doit

graff tunnel des tuileries - Paris 2023

graff tunnel des tuileries - Paris 2023

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19 octobre 2023 4 19 /10 /octobre /2023 10:53

les arbres fantômes ont avalé leur ciel de mousse

aux cheveux emmêlés quadrillant les aurores

les mémoires tapissées

les ombres étouffantes

 

ne peut-on dire que le bois souffre

lui aussi des verts encombrements

des souffles raccourcis

des esprits erratiques et des mondes inversés

qui n'ont plus de chemins

 

qui resteront cachés

l'arbre fantôme
l'arbre fantôme
l'arbre fantôme
l'arbre fantôme
l'arbre fantôme

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19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 14:06

La forêt monte au dessus de ma tête, dans la crispation des pieds, dans les cailloux jetés à plaisir devant mon souffle.

Car la forêt n’est pas que cet épuisement des vallées qui s’arrachent aux monts enrubannées de feuilles.

Peu à peu elle se symphonise et s’orchestre d’oiseaux, de grincements, de balancements, de rythmes, de syncopes qui animent la matière du bois, l'emprise de la terre, la confrontation intime du mort et du vivant.

Alors les pieds s’allègent, la respiration devient musique, mon oreille a gagné sur la pente rugueuse une danse, un son, un frottement de chansons singulières, un ensemble de questions vibrantes à l’unisson du cœur qui s’efforce

et se retrouve enfin.

 

La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt

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2 mai 2023 2 02 /05 /mai /2023 11:31
La route surgie
du jour passé sans encombre
déplie la lumière
 
 
champs de Colza, route de Cadol, Melgven
champs de Colza, route de Cadol, Melgven
champs de Colza, route de Cadol, Melgven

champs de Colza, route de Cadol, Melgven

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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 11:09

le soir tombe

il faut dire qu'il tombe vraiment

avec ses fers aux pieds et ses pensées criantes

il tombe, s'avachit

il tombe, ne se relève pas

étoiles et toiles tissées

de la noirceur vorace

qui descendent au gouffre

mélancolique

comme disaient les humeurs

du corps scarifié d'incertitude

Noir

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  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
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