9 mai 2020
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10:46
sur le principe du cadavre exquis : prendre un carnet japonais en accordéon, dessiner, écrire, plier la page et revenir le lendemain sans regarder ce qui a été fait la veille !
Champ de ciel en odeur de ruines / qui revivait là sans se douter / des eaux, des os, des vents / et des ombres vivaces elles aussi / qui renaissent à chaque / saison / et puis...
c'est l'exil surgi / du néant blanc / qui dit vague / et se noie malgré / la nageoire / dentelée / des abysses / alors même / que l'espace / insurgé nous /promet cette / pluie/ d'étoiles
mais / ne dit-on pas / de la pierre / qu'à son tort / défendant / elle se croit / éternelle
c'est à la toile fine des dentellières / que j'ai cousu / chaque saison / chaque grain / chaque espérance
mais le feu, mais le déluge / mais le noir vaisseau / mais le sang / ont pris toute la place/ du regard / qui s'éteint / qui s'éteint / qui ne parlera plus / des eaux moins / vivantes/ et des murs / maculés d'insectes morts
une nuit / tropicale où/ la lumière/ même recluse/ ne dit / plus/ rien / et / crie/ et/ tombe
même si / la fleur rentrée / de l'agonie / et du sourire / ne parlent / plus du / temps / même si / le / chant s'effrite / et retombe / en écailles / de / larmes / et se / couche / en / découpes / d'images / éventrées
la ville dort sur mon cou et marque / toutes les secondes
publié par dominique dieterlé
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poèmes
17 avril 2020
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14:16
D'abord fermer les yeux
Laisser l'ombre trembler au bord des cils
Apprivoiser le ballet des phosphènes
Attendre...
On dit que la nuit engendre des monstres blancs
Mais derrière les paupières
Se déploient seulement l'exercice du vide
Et la poussière d'un rêve éteint
"intérieur nuit" - eau forte sur zinc et aquatinte
publié par dominique dieterlé
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album
arts et artistes
poèmes
3 avril 2020
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16:35
sept âges de vie
sept petites toiles carrées (20x20cm)
sept temps de réflexion !
émergence - encore n'y a-t-il que l'idée du possible
promesses - en attente des moments infinis
la chair s'éveille - un pied toujours dehors - et tangue
briser - le cadre qui ennivre l'espérance
vers la création - à fonds perdus - sans l'horizon
failles et brèches - derrière la vitrine - des falaises
au soir aveugle - l'intérieur du vide - retourne sur lui-même
publié par dominique dieterlé
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carnets
poèmes
arts et artistes
10 mars 2020
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16:29
on ne sait si ce sont les mots répétés dans le tourbillon des pluies, tout en même temps que le dehors impraticable, le confiné, disent-ils, l'attente de l'implosion ou le refus de la patience
on ne sait ce qui rend le monde si étroit
on cherche en vain le vaste, où ne se trouve que le dévasté
on veut, on voudrait, on s'en excuse, les mots ne suffisent plus, il faut de l'air
ou bien alors chanter ce qui se dérobe en ricanant
on cherche le voleur, on ne le trouve pas
partir, dit-on, encore plus faiblement
mais où? demande la raison
car la raison s'en fout. Elle veut, elle exige
un regain de lumière, un espace au bout de la voix
publié par dominique dieterlé
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chroniques
poèmes
4 février 2020
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16:31
alors j'ai dit non non
la mer n'est pas que perdition suffocation
la mer ne garde pas que les bleus que les coups
la mer ne contient pas que les corps à fonds perdus
la mer ne se rit pas de la terreur de la couleur
elle se tait
j'ai collé une ombre au sel blanc des yeux morts
j'ai retendu l'espace de limites acceptables
j'ai refermé la bouche des noyés
j'ai pardonné et puis
j'ai dit encore
ne reviens pas, n'y reviens pas
pas
pas du tout
publié par dominique dieterlé
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poèmes
14 janvier 2020
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12:50
Les murs se chiffrent en lettres pâles, et le passé, et le passé
reprend son droit de préemption sur les fils asservis
et le plâtre et le plâtre
s'écueille aux visages fendus
que les mots ont dressés en briques de silence.
Ceux qui vivent encore là
remontent peu à peu du fond des caves
où gisent leurs désirs en rubans de phrases mortes...
crissement bavard, bavant,
et puis c'est tout
les murs - septembre 2019
publié par dominique dieterlé
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poèmes
arts et artistes
7 novembre 2019
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11:52
J'ai rencontré des villes et rencontré des eaux
toutes les eaux de toutes les villes
qui noient les amertumes, les malheurs, le bruit sec qui referme les murs,
toutes les villes qui vont chercher la rive, la rivière, la lagune et la mer
à la pêche aux reflets, aux miroirs qui trompent le destin
toutes les villes qui appellent à l'eau native pour les défendre de l'abandon
de la poussière
toutes les villes qui ont besoin d'échappées pour endormir
le souvenir du quai et des caves obscures
toutes les villes qui ont déployé l'ostinato
de l'eau douce, de l'eau pour rien, de l'eau donnée
toutes les villes qui ont besoin d'origine ont besoin d'horizon
toutes les villes ont besoin d'eau
Nord de la Suède - lac sous la neige
publié par dominique dieterlé
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album
poèmes
voyages
21 octobre 2019
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08:11
... écrit dans le train de nuit
Escales. Rencontre brèves dont le temps gratifie nos passages. Ici. On n’est jamais venu, on ne reviendra pas. Sans doute.
Repérer. Hésiter. L’arrivée dans la nuit, ou bien au petit jour, le sourire d'un passant, le langage qui s’effrite au long des rues que l’on ne sait pas nommer. Avec le frisson du pied sur le bitume, le grognement d’un train qui nous verse et ne nous reprend pas.
Ne pas se retourner. Redouter l'ankylose. Marcher, marcher. Oublier de dormir. Oublier de manger. Faire du corps un brouillard ou un nuage qui déchire la rêverie. On ne rêve plus, puisqu'on y est, puisqu’on glisse sur le pavé, sur la terre lourde, ou dans l'ombre des rues. Ici. Maintenant.
Et puis demain, dire adieu à la ville indifférente qui ne se souvient plus qu’on l’a serrée de près.
Et puis demain un autre port, un autre lit, un autre enfant qui nous dira bonsoir, un autre bus qu’on a peur de manquer.
Où rien ne manque lorsqu’il faut repartir, avec son sac, lourd de chemins entrelacés. Et le pari des heures prochaines. De l'arrivée.
Du nouveau jour.
publié par dominique dieterlé
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chroniques
voyages
poèmes
15 octobre 2019
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16:24
Tu vois, lui dis-je, c'est maintenant que l'on se quitte. Dans ce matin blanc à la frontière de nulle part. Avec douceur et sans regrets : c'est une histoire qui n'a pas eu lieu.
Sur mes talons depuis sept jours elle a marqué son territoire, sa profondeur sans limites, en tenant mes chevilles au dessus des abysses. Elle m'ignorait le plus souvent, me laissant respirer malgré cette agacerie d'aiguille fine plantée dans la chair tiède.
Parfois je lâche prise et j'oublie qu’elle me tient à sa portée, alors elle gronde un peu plus fort : mon cœur s'emballe et la nuit me surprend, secouée de spasmes à venir. Elle dit qu’elle épargne comme elle veut, selon son bon plaisir, mais je ne suis pas dupe.
C'est maintenant que j'abandonne. Saluant le navire qui tourne dans le fjord alourdi de nuages bleutés. Grimpée sur la montagne au-dessus de Kirkenes, dans la tourbe et la glace, je la regarde au loin sans savoir quoi lui dire : peut être un merci, peut-être une rancœur secrète. Je connais la puissance qu’elle n'a pas déployée et me félicite d'être partie à temps, je n’avais rien à offrir en échange.
La Terre est rousse sous mes pas. Il reste, à peine, ce léger balancement du corps qui ne veut pas lâcher.
J'ai retrouvé la route libre et dure qui ne se dérobe pas, où l'on n'explore pas le fond secret des cales.
J'ai retrouvé mes pieds. J'ai retrouvé mes mots.
Faire suite à mon post du 22 septembre ?
publié par dominique dieterlé
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voyages
poèmes
22 septembre 2019
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/septembre
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17:03
Mise à distance dans le tremblement des marées où la terre se découvre
Pleine mer : trop plein de secrets, donnés enfin lorsque s'éloigne la transparence glacée de l'engloutissement
La boue devient elle même ville morte ressuscitée par le jusant
L'eau n'existe pas : seule la profondeur des terres enfouies qu'elle nous a volées
Et lorsqu'elle se cache sous la pellicule verte, c'est l'image d'un jardin de pierre qui raffermit nos illusions
Va-t-en, lui dis-je, et laisse moi trainer les pieds, je ne suis pas une sirène !
publié par dominique dieterlé
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voyages en France
poèmes
15 septembre 2019
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15
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/septembre
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13:26
l'ombre engendre les plis de matières endurcies
la surface n'oublie pas de rappeler l'acidité du vent,
pierre ou métal en éclats
un air de ressemblance tordue de précipices
revient au miroir même
eau-forte sur cuivre et aquatinte
publié par dominique dieterlé
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arts et artistes
carnets
poèmes
5 juin 2019
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05
/06
/juin
/2019
10:13
tout nettoyer, faire le ménage
prendre le temps d'ouvrir les cages
et traverser de poussières en poussières
l'espace en compagnie d'un essaim de sorcières
puis balayer devant sa porte
les lettres vives, les lettres mortes
vent debout face au temps qui s'emporte
publié par dominique dieterlé
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poèmes