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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 17:51

(au revoir le Maroc)

ânes, mules, coqs, maisons terreuses meurtries de fraiches cicatrices

tapis de laine supportant le tissé des jours, pains ronds écrits sur la pierre avec des tournoiements de femme et d'herbes en fagots

les vallées fertiles tranchent la caillasse de saignées en saignées plus vivaces, le vent est l'ami des moutons et des roches culbutées, le monde plie sous l'alternance des cailloux plats et des lignes de crêtes, dans la glaise des montagnes se carrent des marabouts et des secrets de tourelles,

Mais de virages en virages la gorge enfoncée fait surgir un déluge de rivière qui mène à l'absence de l'eau, à l'absence du vert, qui mène aux remparts osseux et millénaires enlacés de cactus

la planète rouge était à l'aplomb de ces nuits où j'ai oublié de répondre à tant de questions

je ne sais plus ce qui me pousse au loin, sinon un rêve sec, épuisé de poussière, un battement de souffle

qui voudrait écrouler tous les murs

collage/voyage : Marrakech - mai 2016

collage/voyage : Marrakech - mai 2016

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 13:54

par la douceur noire de sa mère et par le claquement du fouet, Marrakech se dédouble en ses ruelles durcies de soleil enserrant la prodigalité de ses jardins

la ville asséchée nourrit tant de fontaines

la ville murée enlace tant de langueurs

la ville ferrée se soulève en ondes magnétiques où la volupté se pare de tant d'épines

de places en places le frais de l'ombre dissout un brouillon de lumières affolées, un berceau de torpeur assoiffée où la chaleur n'atteint jamais l'arête des maisons qui poussent dos à dos.

de pas en pas carrés sur les marelles d'azur, de souffles en souffles, de murmures en appels, on cueille éperdument le tressage des couleurs en cherchant son chemin

le voile du jour enfin se plie sous des parfums de laine, les enfants s'y accrochent avec le rire d'un rien qui se perd, se retrouve, s'échappe et revient s'arrimer aux dentelles des portes

le crépuscule déroule de terrasses en terrasses un miroir de montagnes où l'on voit trembler la ville neuve, adossée aux palmeraies, couvant le souvenir d'un oued, scellant de son battement les lèvres du désert

les toits_1

les toits_1

les toits_2

les toits_2

rues_1

rues_1

rues_2

rues_2

rues_3

rues_3

rues_4

rues_4

♦ Marrakech
palmeraie

palmeraie

palmeraie

palmeraie

palmeraie

palmeraie

jardin majorelle

jardin majorelle

la Koutoubia

la Koutoubia

la Koutoubia vue de la place Jeema el fna

la Koutoubia vue de la place Jeema el fna

jeema el fna au crépuscule

jeema el fna au crépuscule

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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 13:45

mouettes en cavale

à l'assaut des pêcheries

chevauchant l'air blanc

♦ Essaouira - Maroc

murs d'écailles rousses

chats hérissés boute-au-vent

port d'Essaouira

♦ Essaouira - Maroc

Essaouira est un murmure de temps qui me revient de loin

à peine un mot glissé que l'ordonnance des murailles enferme et fait chavirer dans le même instant

de bleu en bleus, de souffles en tempête, d'étoiles en martèlement de nuit

le vent n'était pas un invité d'Essaouira

il était la Cité, les mouettes innombrables, les créneaux de bronze

il était la fatigue et le froid des ruelles

il était le battement des cafés rougeoyants

il était la présence

il était le conflit de la mer qui se cabre et du désert qui fait le dos rond

face à face emmêlés, étrangers, noirs et blancs harponnés par le métal des poissons de criée

le soir est roux, les murs dansent parfois, mille chats se griffent aux impasses constellées

la ville transpire sous les huiles du silence

le vent n'a pas cessé

♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc
♦ Essaouira - Maroc

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 13:19

je connais (sans l'avoir jamais rencontré) Yves Artufel , des éditions "gros textes", qui a eu la gentillesse de publier parfois un de mes poèmes au hasard de sa revue, depuis de nombreuses années...

 

aujourd'hui, grace à mon éditrice " le chien du vent", il a fait un compte rendu de lecture de "Villes d'Afrique" dans sa dernière livraison visible sur son blog ...

 

http://grostextes.over-blog.com/pages/lecture_mai_juin-8003785.html

 

une façon de découvrir ainsi "gros textes" et de rendre hommage à ces artisans de la poésie qui œuvrent sans relâche pour l'éditer , la faire aimer, et lui conserver la place essentielle, fût elle discrète, qu'elle doit avoir dans les nécessités absolues de nos vies décharnées, là où le texte se fait chair, donc, et nous donne le repas ... avec l'ivresse en prime !

 

 

 

 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 15:06

je gommais jusqu’au nom de la ville goudronnée de lagunes suffocantes
saisie par son regard de hyène je marchais et marchais dans les ruelles aux dents rouges de piment
je cherchais jusqu’au soir le mot de passe, le mot de soufre qui m’ouvrirait la nuit
puis je cessais de m’égarer dans le travers des lueurs sales
et je sentis
le soir de Lomé parlant du vent qui passe sans s'arrêter et fait le tour des routes où je pose en rosaces des pensées bien ordonnées qu'il balaye aussitôt
le vent de Lomé parlant du temps qui efface en coulées le crépuscule de cuivre et la grève blafarde
c'est la même course imprévisible de gouttes salées
c'est le même appel qui fait jaillir d'escales en escales le même désir qui recouvre parfois le coquillage d'un autre désir
c'est la même vague qui se rend à mes pieds
je ne sais d'où elle part
mais maintenant
je sais où elle arrive

elle est l'onde extrême d'un remous poudré sur la marée d'un corps en puissance, qui respire et qui doute, puis se ferme en cercle de métal autour de mes chevilles
et peu à peu remonte avec ma voix

 

 DL24-lome3

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 01:36

au nord du Togo, c'est à Kara ma belle amie que je me suis si souvent arrêtée,

où j'ai pleuré de la voir réduite au désespoir de ses luttes sans issue 

 

Kara, répétition, incantation, sans forme ni objet
car
de Kara j’ai tant à dire, ombres revenues, reparties, visages confondus, oubliés
Kara, ma traversée – dedans, dehors, où passe la barrière des climats
Kara coulée au milieu des maïs, des verdures, des arborescences complexes, village habité de songes mémorables, étendu dans l’arène des collines de pierre
Kara, fleuve scarifié d’ordures plastiques qui émergent sous le fard de la saison lavée


Quand disparaît le vert, le sourire des feuilles et la souple perversité de sa fourrure, elle se lance, chat maigre, cousue de cicatrices et de cendres, à l'assaut de ses enfants
Kara, chantante et dure, parée de belle jeunesse paysanne, siffle sur ses trottoirs un air connu de gamine trop grandie, trop chargée, trop reconnaissable
Où grimace la bouche édentée d’une fille perdue
Je voulais dire : qui a tremblé
D’un amour éperdu
Sans jamais le trouver

 

DL21-immeublekara

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 15:48

Il me revient de loin, son nom d’animal paisible que je mémorisais avec peine à 20 ans, lorsqu’un ami partit en coopération, comme on disait alors.
je le gardais longtemps dans les méandres d’une étrange mémoire sonore qui racontait le sable des mystères
une cathédrale de souvenirs confrontée au miroir de mon premier souffle étonné devant la forêt classée et les lacs qui verdissaient son nom d’ocre rouge
pourtant, Ouagadougou était semblable à son reflet imaginé
belle, lavée, fidèle, et charpentée, femme à l’intelligence épanouie qui discourait le long des avenues, des jardins frais, des places, des cafés-musique, des marchés souriants, des auberges secrètes
j’ai aimé Ouaga. La ville n’a pas déchiré mon attente, la ville amie s’est livré simplement, sans fioriture et sans effets


mais son visage lisse ne sait plus me surprendre
je l’aime et l’oublie vite, comme la marchande de pain, comme l'image familière qui n’inspire plus le désir de ses replis cachés

 

DL29-ouaga [1600x1200]

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 20:49

Son nom est éclat de rire, où chante la lumière des verbes enfantins
je n'en dirai rien qu'on ne sache déjà
sauf ce qui ne concerne que moi. Cet accompagnement des hommes qu'une femme apprécie: qu'on me parle dans la rue ou qu'on s'assoit auprès de moi, le soir, il n'y a nulle lourdeur, aucun poids superflu. La seule densité de la présence, même muette, fait que le moment existe, alors qu'il pourrait peser, ou ne pas être
tant pis si c'est ma blancheur qui le provoque, je le prends
avec le même rouge de la terre sous les pieds, comme un constance visible du cœur habité
ce qui me fâche c'est mon visage où je ne trouve aucun attrait, même dans ce rire du mot prononcé. Mes yeux ne brillent pas assez, je ne peux que recevoir, être interpellée, regardée, alors que je voudrais me fondre
mais la chaleur n'est pas encore assez forte

Le centre où j'avais ma chambre fut construit par le grand Sotigui Kouyaté, comédien et ami de Peter brook, lequel est forcément passé ici, en âme, en regard, en rêves écrits ou racontés
Entre chien et loup, je bois une grande Flag et m'accorde deux cigarettes... un peu partie, un peu revenue, de tout, un peu là, un peu ailleurs, légère ivresse qui appartient à la douceur comme tout le reste
heureuse de n'être venue que pour ne rien faire

"Nathanaël, je t'apprendrai la ferveur "… J'aimais bien le vieux Gide, rare en sa bien pensante époque à vomir le colonialisme, mais avec la ferveur de celui qui connaît le désert. Les « Nourritures Terrestres » m'accompagnaient jadis dans ces voyages immobiles que je rêvais de mettre en mouvement


à Bobo, j'ouvre la neuvième porte
celle de la douche au dehors
espace de fraîcheur entre 4 murs brûlants de latérite.
espace de liberté à ciel ouvert à l'aplomb de la ville saccadée
chaque goutte se décline sur la peau en une bulle soyeuse qui signifie l'ivresse d'être nu et protégé
seule au cœur vibrant du tout
seule et avec...
nudité liquide revêtue de terre d'air et de feu
capacité si particulière d'être ici
cette capacité d'être moi, encore là, en plénitude et en dilatation de ma conscience
et de voyager jusqu'au silence du sourire de Bobo l'oubliée
disant et redisant son nom de fête

 

DL28-burkina [1600x1200]

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:17

Bamako, trois notes arpégées sur la kora, trois vibrations de cordes qui s’emmêlent et se défient
Soleil, terre, fleuve
Le limon du Niger, la blancheur violette de l’aube, le nuage gavé de menace et d’orage
J’entrais à Bamako par la gare 1900, semblant de goût français plantée dans la boue archaïque d’une terre malmenée
Tout était ainsi, résonnant en trois notes contrastées, martelées sur les rails luisants qui nous portaient à peine, rails de fer aérien, couleur de ciel, couleur de vent, couleur d’usure
Et la fête continuait dans les avenues d’un peuple assoiffé de vertige, de mots et de rumeur chantante
Tout à coup, la rupture saignante d’un accord plaqué signalait le fleuve nègre, qui tourne le dos à la mer, le fleuve serpent vert courant vers le désert, le fleuve métallique accréditant des rêves insensés
Au bord du Niger un enfant parlait sans se lasser à la terre rouge, à la femme blanche qui ne l’écoutait pas, à l’ombre grise d’une espérance inutile
Trois notes, et Bamako sous la pluie rutilante continue à célébrer ses entrailles multicolores
Le vie la vie. La musique
Et Birago Diop
Que le chant des piroguiers Bozo a déjà emporté
bien loin de moi.

 

DL13-bamako2

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 18:57

au bord du Mali, la ville de "Madame Bâ" d'Eric Orsenna, la ville aux portes du désert où j'ai avalé les kilomètres et la poussière ocre du sable fou, la ville tranquille et plate où coule un autre fleuve (le Sénégal)

il faudra un jour écrire aussi sur les chemins des fleuves et des rivières de l'Afrique

 

le nom de Kayes signe l’attaque qu’un poing dur ouvre à la douceur d’une main tendue

le nom de Kayes est roc poussière, dragon désert gagnant sa course, écrasement brûlure qui vient buter sur le fleuve alangui

Kayes battait au fond de moi m’appelait démarrait sur les rails vers un demain peut être

Kayes chantait dansait et s’essoufflait à l’aube dans la rondeur ventrue de son aire

Kayes résonnait comme un mythe ruiné sur lequel pousse entre deux râles l’herbe fine des rêveries contraires

Kayes m’avait offert Ali Farka Touré et Boubakar Traoré qui chantaient "Diarabi" entre les murs de banco

 

Le nom de Kayes s’arquait en notes endurcies et tombait et tombait comme les gouttes une à une de la douche anémique où je me lavais du vent de sable rouge

Kayes, fiancée noire endormie de soleil, attendait le berger du Cantique

Kayes la belle riveraine lavait au Sénégal ses pieds de marcheuse altérée

Mais à Kayes j’ai touché la pluie froide et rêche de la tristesse et du découragement

Je marchais longtemps sur les chemins de Kayes

J’en suis partie la gorge sèche et le cœur épuisé

De tout ce que l’on aime


DL20-brousse

 

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 17:40

Ziguinchor est la ville principale de La Casamance, sur le fleuve du même nom, dans la partie du Sénégal située au sud de la Gambie

on y accède depuis Dakar sur un magnifique ferry "Aline Sitoë Diata" qui a remplacé le Joola, navire hors d'âge ayant sombré en 2002 en faisant plus de 2000 victimes (plus que la Titanic)

 

ville méandre gorgée d’îles et d’oiseaux
ville dérive glissant dans les replis du temps
ville sexe de femme à la cambrure suspecte
mère des fromagers aux racines liquides
mère des palétuviers dentelés de coquilles
Ziguinchor zigzague sur la courroie du fleuve et serre sa ceinture pour ne pas sombrer dans l’écume de fer où dorment les rêveurs d’occident
La cité plate largue les amarres et se frotte au sable mouillé des guitares diola
La cité songe en ses canyons de ravine et de pluie huilée
La cité plane et perd et se repère dans le dédale des larmes
De flotte de sel de rames battant l’eau
Qui n’en finissent pas de couler sous un ciel de mercure

 

DL07-casamance

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 19:17

continuer ce que j'ai entamé hier dans l'article "carnet de voyage"

publier ici quelques textes que je n'avais pas insérés dans mon récit de cet été ( Dakar Lomé), pour la raison simple d'ailleurs qu'ils n'étaient pas encore écrits

ces rubriques s'appelleront "Villes d'Afrique" , celles que j'ai traversées cet été et d'autres peut être si j'ai le temps de boucler cela avant mon départ pour la Bolivie (où.. là.. changement d'univers ... qui m'a fait rêver depuis longtemps !)

 

 

DAKAR

Elle vibre de fracas métalliques. Containers, rails, chaos de taxis sur les routes en jachère, motos en pétarade, halètement des bus verts et blancs. Percussion, martelage. Concert.
Rythme de forge qui respire en puissance le long d’un océan mesuré au rivage poli.
Le ventre de Dakar, sa pulsion intime se dispense à la face d’un horizon bleui. Vacarme contre vacarme. Tambour contre tambour. Des grues portuaires aux pièces qui tintent dans les boites en fer des enfants mendiants, c’est un soulèvement de poitrine cuivrée qui pleure et rit, et cadence en pâmoison ses mamelles de sirène fracassée.
Sur son torse, un bijou d’ocre rouge et de sang fait perler la marque de l’esclave, et la honte que des siècles de clameur n’ont pas fait taire.
Gorée.La silencieuse. Plus forte en son repos que la convulsion d’orage qui tente de couvrir sa voix.
Dakar chauffe en braillant sur les marchés, les étals, la gare vide, les fontaines sèches, les montagnes de chinoiseries, et les statues de bronze. Pas assez fort, pas assez fort, redit la mer en caressant le bois polychrome des pirogues.
Dakar revit et s’enfonce et revit chaque matin, chaque soir.Son île en mer ne ferme jamais l’œil accusateur de sable et de corail.
Les couleurs se mélangent plus tard dans le noir qui gomme ses attraits, et déposent sur chaque regard qu’elle arrache au malheur, un arc-en-ciel naïf qui n’a rien oublié du soleil captif et du voyage sans retour

 

DL02-goree

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Repères

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  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
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