je ne parle ni d'utilité commerciale, ni de tourisme à consonance historique, ni d'architecture, ni de rencontres à faire parler.
je veux dire la solitude impérieuse du marcheur rythmée par la seule nécessité des méandres de pieds enlacés aux méandres de pensée.
cette appréhension retenue et féconde d'un arpentage décidé quoiqu'aléatoire.
dans les villes et nulle part ailleurs.
j'aimais ces écrits de Georges Perec qui notifiaient l'urgence patiente de cette découverte en mouvement: celle des hommes, celle des lieux, celle des faits divers, des vitrines, des collages, des cours, des portes cochères, des aplombs de muraille, des allers retours, dont on reste toujours stupéfait lorsqu'on finit par voir la ville d'en haut, cherchant à reconnaître son chemin à ras de bitume. Qu'on ne retrouve pas.
C'est que la ville s'appréhende avec la loupe de l'entomologiste et le pas du montagnard, comme pareillement la ville m'appréhende sans le dire en son centre oscillant et sa rumeur secrète.
jamais secret moins bien gardé, toutefois, jamais regard plus détaché, puisqu'offert à la cantonade, puisque réfracté en des millions de regards, de mots et de cris, de grincements, d'autres pas martelés qui ne sont pas les miens, et qui pourtant...
villes d'odeurs et de bruissements; chacune sa lumière; chacune portant en elle la grâce infaillible d'un mot qui déroule en une seconde toutes les vies qu'elle malaxe dans ses fondations, ses amours, ses violences, ses assises bancales. Uniques et familières. Irremplaçables.
Paris Londres Valparaiso La Paz Lomé Rome Dakar Santiago Kiev Dublin Florence Toulouse Marseille Lisbonne ... où ?
villes où je marche et marche jusqu'au bout
de la complicité