Même ceux qui n'existent plus, même ceux qu'on a réformés
Comme cet ancien "trans-corrézien" qui relia pendant une cinquantaine d'années Tulle à Ussel
j'aime les trains
par atavisme, ou par besoin de voyageuse qui emporte avec soi des wagons de projets emmêlés
j'aime les rails, les aiguillages, les gares, les quais encombrés de sanglots
en dépit d'autres trains qui brisèrent tout espoir de retour
j'aime les paysages réécrits par ceux qui creusaient les montagnes, enjambaient les torrents, étayaient les dunes en ouvrant des voies incertaines où, coûte que coûte, il fallut s'engouffrer.
j'aime encore, le rappel de ces friches ferroviaires collectivement abandonnées pour des trajets solitaires, asphaltées que la poésie ne traverse qu'à regret
j'aime la rectitude bien rythmée des chemins de fer, des éclats de nuit, des "koun-koun" oubliés où les enfants s'inventaient des refrains sans queue ni tête
aujourd'hui sans motrice, sans moteur, sans marche-pied, sans folie, que même la tête a déserté.
viaduc des rochers noirs et vallée de la Luzège (ancien trajet du "tacot" transcorrézien)