mouettes en cavale
à l'assaut des pêcheries
chevauchant l'air blanc
murs d'écailles rousses
chats hérissés boute-au-vent
port d'Essaouira
Essaouira est un murmure de temps qui me revient de loin
à peine un mot glissé que l'ordonnance des murailles enferme et fait chavirer dans le même instant
de bleu en bleus, de souffles en tempête, d'étoiles en martèlement de nuit
le vent n'était pas un invité d'Essaouira
il était la Cité, les mouettes innombrables, les créneaux de bronze
il était la fatigue et le froid des ruelles
il était le battement des cafés rougeoyants
il était la présence
il était le conflit de la mer qui se cabre et du désert qui fait le dos rond
face à face emmêlés, étrangers, noirs et blancs harponnés par le métal des poissons de criée
le soir est roux, les murs dansent parfois, mille chats se griffent aux impasses constellées
la ville transpire sous les huiles du silence
le vent n'a pas cessé