biographies de toile
Écrire une vie comme seule matière connue, non qu'elle soit plus belle, non qu'elle soit plus pleine et plus digne, mais elle est là, ou peu s'en faut
Brasser cette matière là, pour en pétrir une autre, mieux assujettie au travail de l'esprit. Ne pas se remplir de phrases qui tournent en manèges, mais, sur la toile, vivre un autre langage, qui tient, qui lie, qui commande au passage, qui ne veut rien lâcher.
Et moi là, aussi, je m'y tiens, en débris, en nœuds, en piqûres, en lambeaux. Je m'y tiens comme à la corde, le pendu. Je pique là où tout semble lisse. Jeu sans raison, ouvrage de femme sans tête, discours de recluse sans mots.
Faire tapisserie, et rester seule au bout du compte. Debout, quoiqu'il en soit, face au grand métier de nos destins
Le fil rouge de la colère / malgré nous perçoit le mensonge et la douleur muette / malgré nous tord de futiles horizons et fait trembler le poids de nos silences / fil volcan éruption des savoirs perdus / rouge de flammes inversées / quelquefois la paix retourne à la maison / quelquefois tout se tait / bien à plat sur le torchon de nos remords
les héritages / avec des mots / avec des chaînes croisées au carrefour / avec des rues et des chemins d'avant / avec des âmes refermées / elle / ne se retrouve ni dedans ni dehors. Le fil glisse en pointillé de questions / qui nouent d'autres questions / d'autres vies / d'autres noms / et des morts / et des morts / à la trame / liés