... écrit dans le train de nuit
Escales. Rencontre brèves dont le temps gratifie nos passages. Ici. On n’est jamais venu, on ne reviendra pas. Sans doute.
Repérer. Hésiter. L’arrivée dans la nuit, ou bien au petit jour, le sourire d'un passant, le langage qui s’effrite au long des rues que l’on ne sait pas nommer. Avec le frisson du pied sur le bitume, le grognement d’un train qui nous verse et ne nous reprend pas.
Ne pas se retourner. Redouter l'ankylose. Marcher, marcher. Oublier de dormir. Oublier de manger. Faire du corps un brouillard ou un nuage qui déchire la rêverie. On ne rêve plus, puisqu'on y est, puisqu’on glisse sur le pavé, sur la terre lourde, ou dans l'ombre des rues. Ici. Maintenant.
Et puis demain, dire adieu à la ville indifférente qui ne se souvient plus qu’on l’a serrée de près.
Et puis demain un autre port, un autre lit, un autre enfant qui nous dira bonsoir, un autre bus qu’on a peur de manquer.
Où rien ne manque lorsqu’il faut repartir, avec son sac, lourd de chemins entrelacés. Et le pari des heures prochaines. De l'arrivée.
Du nouveau jour.