Mes cinq images de 2020... pour beaucoup, année terrible : malades et leur famille, personnels médicaux, saltimbanques et restaus, qui nourrissent l'esprit et le corps, et tous ceux qui ont eu à souffrir dans leur chair, leur affect, leurs activités. Moi, retraitée en bonne santé je n'ai pas (encore) de raison de me plaindre à titre perso, mais peut-on avoir l'esprit léger et le cœur sec quand, autour de nous, tant de gens voient s'écrouler leur monde ? Alors quand même ose-t-on se dire : Bonne Année ?
Mai 2020, juste à la fin du premier confinement. Les petits enfants à la plage, le kilomètre dépassé, l'espoir après le K.O. Mon pays d'adoption (la Bretagne) offre sa beauté lumineuse à nos appétits d'espace... L'air est toujours grand quand il arrive après l'enfermement.
Beaucoup de manifs cette année, beaucoup de protestations sur tous les fronts ... La politique n'est pas la guerre, mais demeure un combat, quoiqu'on veuille nous faire croire. Parce que nous vivons en démocratie (quelle chance !) on nous doit une gouvernance équitable, juste, transparente. Nous avons, non seulement le droit, mais le devoir de demander des comptes. Le pays n'appartient pas aux élus, la Sécurité sociale n'appartient pas à l’État, ni nos retraites, ni nos hôpitaux. Les gouvernants sont nos obligés, la police est payée avec nos impôts. La majorité n'est pas la totalité. Nous sommes un peuple, pas un troupeau !
Pas de voyages donc. Bon, il y a pire comme punition... et puis les voyages ça pollue, non ? Oui, mais la rencontre avec l'autre? Oui, mais la beauté du monde? Oui, mais la curiosité exploratoire pour la Culture et la Nature? Alors je reviens vers Paris, mon lieu de naissance où quelque chose toujours est à découvrir en dépit de la proximité. J'ai de la chance, je suis née dans la plus belle ville du monde ! L'automne a encore magnifié mon Octobre baladeur.
Petite BD de Geluck qui résume une part de mon agacement, (je le dis avec modération) face à l'irruption constante des problèmes liés aux religions dans notre société laïque... les croyants ont le droit de croire - chacun son autel, chacun sa chapelle - mais on aimerait que ces sujets n'interviennent pas constamment dans le champ des politiques, des jugements, des évènements. Et mon agacement se mue en colère lorsque je constate que les lieux de culte sont à nouveau autorisés, et que les lieux de culture restent interdits !
C'est une année où la Mort nous a accompagnés, liée à sa complice la Peur, et à ces images désespérantes qui nous coupaient le souffle. Cette irruption ne pourrait-elle, pourtant, être salutaire pour l'Esprit qui s'éloigne trop souvent de toute réflexion philosophique, si prompt à faire l'impasse sur ce qui dérange vraiment, ou qui ne dérange plus : les guerres, les migrations, les maladies non soignées faute de moyens, les féminicides, la violence exacerbée de l'Humanité etc... Je ne connaissais pas les Catacombes de Paris. J'ai trouvé apaisant ce dialogue avec ces morts lointains qui dorment tranquilles et nous redisent qu'il est temps de prendre le temps. Temps d'être vivants ensemble ?