la masure ruinée qui nous cadre n'est pas une masure
c'est la grange qui abrite nos vacances
ça n'empêche pas l'élégance - dit ma mère - qui nous gante et chapeaute de frais pour le dimanche à l'église du village, puis le repas à "l’hôtel du cheval blanc"
c'est le mois d'août 1955, il ressemble à ceux qui ont précédé, et croyons-nous, à tous ceux qui suivront
les maisons s'écroulent, disparaissent, comme toutes les maisons, comme le temps qui reste inscrit dans les images glacées dont on ne sait rien lire
juste fermer les yeux, juste l'odeur d'herbe sèche, la paille des matelas, la flamme vacillante du pétrole, qui tordent le passé, qui ne jouent pas les garde-fous
c'est un petit chapeau qui coiffe des souvenirs et s'enfuit en baillant car, après tout,
il ne sert plus à rien
depuis longtemps