il en est des temps à venir comme des temps passés, ils se fluidifient en chiffres mous qui, un jour ou l'autre, perdront tout le sens
ce sont parfois des dates qui, tout en sentant un peu l'amer, nous ramènent à des jours moins rancis
ou simplement le manteau d'indifférence qui n'a pas tout recouvert
je préfèrerais l'oubli et la joie légère des feuilles en allées dans l'or du matin
mais on ne choisit pas (toujours) son calendrier
les hommes guerriers se ménagent une position de repli prévue à l'avance, comme on disait dans les tranchées, une chambre de cuir dont aucune femme ne trouve la serrure
vous aurez remarqué que le retrait ne peut être que masculin
quelque part au fond du mâle, ce terrier, forteresse bouclée de musc et de silence, abrite les secrets de la perte, dont nulle ne saura rien, où il remâche encore des souvenirs enfuis depuis longtemps
tandis que l'autre dit : après avoir donné toutes les clefs, toutes les ouvertures, j'ai laissé les rôdeurs emporter tous les meubles.
Et je me trouve, dépouillée d'orgueil et de substance, sur la terre brûlée
et plus rien sous ma dent