ces mots je ne voudrais pas les écrire s'ils ne disaient que la question sans la réponse
à ce moment
je revendique le plaisir d'une main retrouvée dessinant un arbre de soleil
ne sachant plus ce qu'elle invente
parfois je sais trop bien où je suis, qui je suis, et pourquoi je me donne,
et pourquoi je me tais
car on n'écrit pas le bleu, ni la lumière,
les pages trompeuses témoignant seulement de ce mensonge qui n'en est pas un
et quand je connais tout cela
comme tout le monde, mon coeur heureux n'a pas d'histoires
à raconter
ils viennent au bout de la main, ou du clavier quand le doute se rehausse
des mots déchiquetés par la déflagration du sens
des mots barbelés d'échardes luminescentes
oh! qu'il ne reste plus de mots surgis du coeur de l'explosion, atomes de feu rouge sous la dispersion des cendres
je ne sais pas encore où tape le sang des tambours et des mains qui se cabrent, en marquant le territoire de chaque nuit, recouvert d'oublis sans conséquence
et quand je veux dire oui
à la pluie
oui
aux nuages
au moment d'un seul moment sans autrefois et sans après
je me défausse du salut immédiat par la négation de l'obscurité
je me retire dans l'échappatoire fragile de ce bief inespéré
qui ne coule pas d'ici ou de là, du haut ou du bas, mais sur le fil de l'éloquence et du déséquilibre
désir absolu de ce rien
rien faire, rien dire, rien aimer
sinon l'attention à la brutalité du sang et au mouvement des foules
je ne voulais pas écrire l'absence mais la trace du vent
je n'ai pas voulu dire non
pourtant ...