à chacun ses obsessions...
c'est en rédigeant au jour le jour, sans contraintes, que l'on apprend à déchiffrer, pour soi même, ce qui étonne, ce qui nous fait, qui nous empoigne, qui nous constitue
le noir, le rouge, le chaud, le fleuve...
rien de ce que je trouve ici, en cette Bretagne où je vis depuis lontemps: fraîche, pâle et maritime
alors le rêve est-il nécessaire d'abord pour croire à la possibilité d'une évasion ? ou choisit-on, souvent, sans autre forme d'explication, l'inverse de ce qu'on aime ?
donc, le fleuve
mouvement vers, sens inéluctable, source et aboutissement, berges amies et proches où l'on ne se perd pas, mais où l'on dérive, immobile, avec la course des eaux qui chavire les yeux
sur les bords d'une eau qui coule, je sais
que je suis mouvement,
la plage des rivières ne paralyse pas, je peux glisser légère comme telle feuille abandonnées
jusqu'à la fureur de la mer
de la mort
alors devenue familière et grosse des moments passés
le fleuve, vie esprit, bruissement chanson, tourbillon et flaque, mystère glauque,
contraire moqueur, couleur de mensonge plus vrai que ce qui s'y admire
son ciel agrandi donne la dimension du monde, accessible au regard
la mer avale
la rivière génère
ça ne s'explique pas
le fleuve dit amour, dit joie, dit caresse
emporte la passion sur les bords parallèles d'un autre attentif
qui me hèle à portée de voix
à portée de moi
le fleuve m'a tout dit en m'imposant silence :
qu'avec lui je suis deux que le désir traverse et berce et laisse
inachevée
que là paresserait ma vie
à l'ombre d'un manguier sur l'arroi du Niger
le rouge à mes pieds nus
et ... quel autre ?
images de rivières et de fleuves... dans mes albums (à visiter pour qui le veut)