troisième jour à Dakar, sur une plage de pêche. Pirogues colorées, magnifiquement décorées, bien alignées. Des groupes de femmes et des charrettes sommaires tirées par de petits chevaux attendent le débarquement d'une grosse pirogue chargée de poisson. Certaines caisses sont déversées directement dans des camions réfrigérés hors d'âge qui vont à la conserverie de sardines, les autres poissons sont vendus sur la sable ou entassés dans les attelages vers les marchés ou les marmites !
Je n'ose pas prendre de photos, malgré la beauté de la scène, des couleurs, des costumes, de la mer.
Au Togo j'avais mis des piroguiers très en colère en volant leur image sur ma pellicule, ce qui pouvait prétendument leur porter malheur; quand on connait la dureté de leur condition, on respecte !
Donc je me contente de la conversation et je m'emplis les yeux de toute cette activité nonchalante et fourmillante à la fois. Le foot fait là encore une entrée en matière souvent toute trouvée. Le jeune « pape » Diouf ( prénom d'emprunt, faut il le préciser ) propose de revenir me chercher après avoir ramené les poissons à la maison, puis d'aller chez lui manger le « tieboudienne »( riz et poisson- il va sans dire que je proposerai d'acheter le plat pour la famille, mais ça me va comme ça !)
On passe d'abord une heure au « cyber », puis on marche dans les rues sablées du village traditionnel de pêcheurs. Je suis accueillie très chaleureusement par la maman, la grand mère et le petit frère, brillant lycéen, on regarde les photos de nos familles respectives, puis après la dégustation d'un gigantesque plat partagé sur la natte, « Pape » fait le thé sahélien, je photographie toute la famille, adorable, qui ne me demande rien d'autre que d'envoyer les épreuves par internet.
Le soir je prends le ferry, « Aline Sitoë Diatta » ( la « Jeanne d'Arc » de Casamance dont j'ai lu l'histoire aumusée de la femme de Gorée) tout neuf et presque luxueux: depuis le naufrage du Joola il y a quelques années qui avait fait 2000 morts, tout a bien changé sur cette ligne, aux dires de ceux qui la prenne souvent. Dakar s'éloigne dans la brume.
En route pour la Casamance !